(a sunny afternoon)

La vie était devenue mécanique. Parce qu'elle ne se sentait plus capable de partager sa passion d'enseigner avec ses élèves, Reagan n'avait pu faire autrement que prendre congé. Elle avait passé une semaine ou deux à la maison à ruminer avant de squatter le restaurant familial. Son père avait dû savoir qu'il fallait qu'il lui occupe l'esprit, alors il lui avait demandé de s'occuper de la gestion. Lui, il aimait cuisiner, divertir les clients, ses amis depuis plus de deux décennies. La restauration c'était son domaine, sa passion et évidemment quand il avait acheté le Greenacres, il avait mis ses trois enfants co-propriétaires. Un moyen d'assurer la prospérité du lieu, de leur nom et de leur assurer un avenir. L'héritage chez les O'Hara c'était important et quand ça venait de sa famille Reagan se sentait toujours investie d'une mission.
Aujourd'hui, elle avait pris le temps, un jour de repos. Il fait bizarrement chaud, lourd. Mais Reagan ne s'attardait pas sur cette pensée, elle continuait d'évoluer à travers le marché. Ils avaient l'habitude de venir avec Brendan, une petite promenade dans les étales des artisans. Faire tourner le commerce de proximité, c'était important pour lui. Et en tant que pêcheur il le savait mieux que quiconque. Le marché est une habitude à Bull Ring, ca fait parti du décor, du folklore. Reagan croisait de vieux amis, des anciens camarades de classe, c'était l'occasion de discuter un peu, quelques minutes avant de retourner dans leur bulle. Mais aujourd'hui c'était différent. Elle était seule, elle n'avait pas Brendan à ses côtés pour faire rire les autres, pour lui tenir compagnie. Elle était seule. A ces pensées, elle fût saisie d'une nouvelle sensation. Il y avait beaucoup de monde, trop de monde, plus que d'habitude... Enfin ce n'était pas vrai, mais c'était ce qu'elle ressentait. La chaleur revint se faire sentir, la solitude qu'elle ressentait ces derniers temps lui monta les larmes aux yeux. Non, elle était forte, elle ne craquerait pas au milieu des habitants de Wexford, des touristes et des badauds. Elle ne voulait pas être ce genre de personnes faibles. Ce n'était pas elle. Mais sa vue brouillée, elle s'en la nausée lui monter. une odeur marine, une odeur de poissons est venue jusqu'à elle. Même si elle ne se voyait pas, elle se sentait pâlir.