it's us against the american burger (connor)

La pile de livre n'a cessé de s'amonceler depuis des jours, à croire les deux nouveaux stagiaires prenait l'expression « ce la couler douce » comme un paraphe de leur contrat. Ils étaient visible, même avec tes prunelles fixées sur l'écran de ton ordinateur portable. Il faut dire que pour eux les murmures sont des ondes sonores plutôt fortes, au loin des bavardages en catimini. Tu secoues nonchalamment la tête d'un mouvement plus qu'amuser que toute autre chose. Par certains que le propriétaire des lieux – ton patron – également possède cette patience que t'es coutumière. D'ailleurs en parlant du loup, tu le vous surgir de l'autre coté de la réserve, les bras chargés de cartons suivant la taille pyramidale. Il te considère d'un clin d’œil bienveillant avant de réprimander les deux jeunes victimes du péché de flemmardise. James était un homme avoisinant l'âge de ta figure maternelle mais surtout une âme érudite qui prenait à cœur l'existence humaine qui tend à se perdre aujourd'hui. Tu le soupçonnais par ailleurs d'en pincer pour ta mère, une femme de grande valeur également. Tu hausses les épaules avant de reprendre la tâche qui t'incombe : celle de corriger un manuscrit. Ce dernier avait du potentiel et pouvoir en lire la lecture en avant première était plutôt excitant. Pourtant, il était truffé de fautes mais excellent malgré tout. Un travail que tu effectuais en parallèle de ton boulot à la librairie – durant ton temps de pause bien évidement. Plongé dans tes lignes et tes songes, la vibration de ton cellulaire bourdonne dans la poche kangourou de ta salopette en jeans. Sans quitter l'écran des yeux, tu sors ton portable jetant une brève œillade sur le cadran de ce dernier. Connor. Et mince, te récries-tu à toi même. Sans chercher à terminer ce que tu étais en train de faire, tu remballes l'ensemble de tes affaires dans ton sac, remontes tes lunettes de vue sur le sommet de ton crâne non sans saluer d'un signe de la main ton patron. Ce dernier ricane amusé avant de te dire de saluer ton jumeau pour lui. Dans la région, votre fratrie était joyeusement connu mais surtout le tandem des jumeaux qui faisait sensation. Vous étiez de parfaits opposés qui embrassait la métaphore de complémentarité. Il était l'astre solaire et toi l'astre lunaire, la complicité protectrice en plus. Courant dans la ruelle principale, tu presses un peu plus le cadence de telle manière qu'une fois devant le restaurant américain, tu es à bout de souffle. Tu pousses la porte du commerce cherchant ton frangin du regard. L'un des serveurs t'adresse un sourire charmeur couplé d'un clin d'oeil car il faut dire que tu étais une cliente fidèle.  Tu aimais la nourriture et ne t'en privait guère. Connor était assis dans un box, le regard plongé dans son téléphone et sans grande surprise le tien vibre une énième fois à ce moment là. « Je suis en retard et pour la peine je réglerai l'addition si tu veux. ». Sourire aux lèvres, bon de réduction à l'appui.