This is a modern fairytale ¤ Dahlia

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Dahlia & Tyrell

Le désespoir l'avait forcé à prendre cette décision. Oui, ils avaient besoin d'aide pour redresser les finances de la ferme et non, jusqu'ici, il n'y avait pas eu un seul résultat malgré les efforts faits par toute la famille O'Shea. Alors, Tyrell s'était renseigné sur les aides potentielles et était tombé sur des aides aux fermes en difficulté... Pas financières, non, humaines. Quelqu'un qui viendrait dans leur ferme pour juger ce qui devait être changé, autant dire que le concept ne plaisait pas tant que cela à Tyrell. Enfin, quelques jours auparavant, il avait eu l'air d'accord avec cette idée, certainement parce qu'il ne voyait pas la lumière au bout du tunnel et que s'il ne sortait pas la famille du rouge avant le mois suivant, il devrait se résigner à tout vendre, maison et élevage. Maintenant qu'il était sobre et en capacité de réfléchir aux idioties qu'il pouvait faire, Tyrell regrettait sévèrement d'avoir téléphoné. Cela dit, il n'avait aucune idée du jour d'arrivée de cette fameuse sauveteuse de l'extrême, peut être même ne viendrait-elle pas. Il fallait dire que Wexford n'était pas un endroit qu'on visitait de son plein gré et ce, même pour le travail. Les gens qui n'étaient pas d'ici ne restaient pas plus de quelques jours avant de s'ennuyer à mourir. Ceux qui étaient nés dans le village, eux, vivaient très bien l'ambiance familiale du centre ville, si on pouvait l'appeler ainsi. Le bourg était peut être plus approprié. Tyrell, en tout cas, ne se voyait pas vivre ailleurs, à part si on lui offrait l'opportunité de toute une vie de partir sur son bateau pour faire le tour du monde. Autant dire que ce n'était pas demain la veille que le fantasme se réaliserait donc, en attendant, il devait tout faire pour maintenir le business à flot. Ce jour-là, la tâche consistait à s'occuper du foin pour les vaches laitières. Un grand moment d'amusement en perspective, fourche en main, à tasser, mettre en botte les brindilles qui tombaient à droite à gauche. La grange était remplie de cette fichue paille et au bout de deux heures d'un travail intense, Tyrell était prêt à tout abandonner pour aller se boire une bière au bar du coin. Fausse alerte puisqu'il aperçut une silhouette se diriger vers lui à travers le terrain boueux du champ qui entourait la grange. O'Shea pensa tout de suite à un démarcheur et il n'était pas franchement d'humeur pour gérer des publicitaires. Il ignora donc l'avancée à pas rapides de cet étranger pour se concentrer sur sa botte de foin en construction. Il ne tourna même pas le regard pour accueillir la personne qui venait d'arriver. "On veut pas de votre baratin ici. On a besoin de rien, à moins que vous filiez des tracteurs gratuits pour m'éviter de me péter le dos. Sinon, vous pouvez partir tout de suite, 'pas la peine." Non, Tyrell n'allait pas faire dans la cordialité, ne vérifiant même pas si c'était quelqu'un qu'il connaissait. Il n'envisageait même pas que la sauveuse avait enfin fait son apparition... Clairement, elle avait du boulot à abattre pour remettre les affaires à plat, et l'attitude de Tyrell par la même occasion.

@Dahlia Monroe

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@tyrell o'shea

En route vers la ferme O'Shea, Dahlia chante au rythme de la musique à la radio. Elle est excitée de commencer ce nouvel emploi. Après avoir pris quelques semaines pour s'installer correctement à Wexford et se reposer, elle a hâte de se mettre au boulot. Elle s'est levée très tôt ce matin pour revoir le peu d'informations qu'elle a sur cet élevage bovin. Se lever aux petites heures du matin n'a jamais été un problème pour Dahlia. Évidemment, c'est un requis lorsqu'on travaille dans le milieu agricole. Mais même en vacances, elle aime bien se réveiller à cinq heures du matin. Le silence qui règne, le soleil qui se lève, la vie qui reprend tranquillement son cours... Elle trouve cela à la fois apaisant et énergisant. En arrivant à destination, Dahlia se gare dans la cour. Il s'agit d'une ferme assez petite, très familiale. Cela lui rappelle celle de son enfance. Elle s'apprête à se diriger vers la maison lorsqu'elle aperçoit un homme en train de ramasser le foin. De ce qu'elle se souvient, les O'Shea n'ont pas d'employés sous leur direction, il doit donc s'agir d'un membre de la famille. Elle s'avance vers lui, un grand sourire sur les lèvres. On veut pas de votre baratin ici. On a besoin de rien, à moins que vous filiez des tracteurs gratuits pour m'éviter de me péter le dos. Sinon, vous pouvez partir tout de suite, 'pas la peine. Dahlia s'arrête sec, surprise par cet accueil. Elle a l'habitude que certaines familles ne soient pas des plus enthousiastes à son arrivée. C'est un milieu assez conservateur, tout de même, et certains fermiers sont un peu réticents à l'idée de la voir débarquer chez eux pour leur faire changer les méthodes qu'ils pratiquent depuis des années, des décennies parfois. Mais habituellement, ils sont un minimum polis et surtout, ils sont préparés à son arrivée.

Dahlia ne se laisse pas abattre par cet accueil peu chaleureux et se dit qu'il changera peut-être d'attitude en réalisant qu'elle n'est pas une vendeuse. Arborant toujours un grand sourire, elle s'approche du fermier et lui tend la main. Monsieur O'Shea? Dahlia Monroe, c'est moi qui ait été embauchée pour aider avec la ferme. Je suis très heureuse d'être ici! La jeune femme doute que son enthousiasme sera suffisant pour avoir droit à un sourire de la part de cet homme. Elle pointe du doigt une fourche accotée sur la grange. Un coup de main? C'est un truc qu'elle a développé avec le temps pour amadouer les fermiers plus réticents : s'impliquer directement dans les tâches quotidiennes pour montrer qu'elle connaît la vie de ferme, qu'elle ne se contente pas d'appliquer des méthodes lues dans des livres et de remplir de la paperasse inutile. Sans trop attendre, elle se met à l'ouvrage. Étant donné la silhouette de Dahlia, elle ne soulève certainement pas autant de foin que si elle avait la musculature de son acolyte, mais elle compense par sa technique. Ce n'est pas la première fois qu'elle manipule des balles de foin.

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Dahlia & Tyrell

Sa mauvaise humeur était généralement communicative. Tyrell avait ce charisme particulier et il était capable de captiver les foules s'il en faisait l'effort. Le problème restait le suivant: il méprisait les foules, justement. Toujours reclus derrière les murs de sa ferme depuis une demie décennie, O'Shea trouvait toujours une parfaite excuse pour ne pas retrouver les joies de la vie en communauté. En dehors du bar et des visites fréquentes sur les berges du port, Tyrell ne passait pas son temps à lésiner dans les rues pour se faire voir. Il était devenu un homme solitaire, réservé mais certainement mystérieux aux yeux d'autrui. Le malheur l'avait rendu ainsi, acerbe, piquant et éloigné des intérêts de ce monde. Maintenant que son business était en grande difficulté, le barbu n'avait pas d'autres choix que d'accepter les interférences de l'univers autour de lui et ceux-là se personnifiaient en la présence de Dahlia sur son domaine. Il ne pouvait même pas la regarder en face, loin de se douter de prime abord qu'elle était la sauveuse tant attendue, mais l'attendait-il vraiment au bout du compte? Avec les jours qui passaient sans avoir de véritables nouvelles de sa part, il avait fini par se conforter dans l'idée qu'on n'était jamais mieux servis que par soi-même et qu'il s'en sortirait par ses propres moyens avec l'aide de ses deux soeurs. Dahlia était là, désormais et toutes ces belles paroles étaient à mettre au placard. Tyrell réussit donc à soulever un regard dédaigneux vers la main que la jeune femme venait de lui tende, à peine intéressé par les services qu'elle pouvait lui proposer à l'heure actuelle. "Ca en fait au moins un de nous qui l'est, alors." Rien de plus, avant qu'il ne reprenne sa fourche en main et se remette au travail. Il ne s'arrêta qu'au moment de découvrir la jeune femme qui se remontait les manches pour le suivre dans sa procédure. Ce fut à cette occasion qu'il prit le temps de la regarder de plus près, plus jeune qu'il ne l'aurait cru, plus séduisante aussi certainement mais là n'était pas la question. "Vous faites toujours semblant d'être une fermière hors pair pour amadouer vos clients ou c'est une première?" Il ne devait pas se laisser perturber par des intentions de marketing, toisant Monroe de ses yeux bleutés. Vifs. Alertes. Comme ils ne l'avaient plus été ces dernières années.

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@tyrell o'shea

Dahlia n'a droit qu'à une remarque sarcastique en guise de salutation. Prise de court, elle ne trouve rien à lui répondre. L'homme retourne directement à son boulot, posant à peine un regard sur elle. Réalisant que sa main tendue restera sans réponse, elle la baisse, un peu embarrassée. Cet accueil est définitivement le plus déstabilisant qu'elle a vécu jusqu'à présent, mais il en faut plus que cela pour miner sa bonne humeur et sa motivation à faire son travail. Énergiquement, elle se met au boulot. Elle aurait du se douter que ce geste ne serait pas le bienvenu. Il lui semble que rien qu'elle ne pourrait faire ne pourrait adoucir cet homme. À part peut-être partir immédiatement et ne plus jamais l'embêter. Ce n'est pas un jeu. Je suis là pour aider, donc à moins que vous me disiez comment je peux vous être d'une meilleure utilité, j'aide comme je le peux. Il y a quelque chose de dur dans le regard et même dans les gestes de cet homme. Un mur semble l'entourer. Est-ce la présence de Dahlia qui le met dans cet état ou il est comme cela avec tout le monde? Les O'Shea ont été très discrets sur leur situation personnelle lors de leur demande d'aide. Ils se sont contentés d'envoyer une description de leurs activités et les rapports financiers démontrant que leurs affaires allaient de moins en moins bien. Selon l'expérience de Dahlia, quand une ferme commençait à avoir de telles difficultés, il y avait presque toujours une raison personnelle derrière. Une dispute familiale, le décès d'un membre de la famille. En de rares occasions, les difficultés provenaient d'une grande corporation qui venait de s'installer dans la région et instaurait une compétition déloyale. Mais elle avait fait ses recherches et rien de ce genre ne se produisait actuellement à Wexford. Ils terminent le travail dans le silence. Une fois le sol de la grange bien débarrassé de tout ce foin qui l'encombrait, Dahlia essuie quelques gouttes de sueur qui commencent à perler sur son front. Elle s'attend presque à ce que le fermier lui reproche d'avoir chaud. Alors, vous voulez qu'on s'assoie pour discuter de l'état de votre ferme ou vous avez d'autres tâches à faire? Elle n'a aucun problème à continuer les petits boulots, mais si c'était vraiment de ce type d'aide qu'ils avaient besoin, ils auraient certainement embauché un jeune étudiant à la recherche d'un emploi d'été, pas une spécialiste dans le redressement de fermes. Au fait, je peux connaître votre nom? Elle se sent comme si elle venait de lui poser une question très indiscrète.

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Dahlia & Tyrell

Tyrell aurait pu accueillir la jeune femme d'une plus belle manière, à croire qu'il avait oublié toutes les leçons de politesse inculquées par sa tendre mère. La vérité, c'était qu'il n'avait plus vraiment envie de faire des efforts avec les gens. Tous ne faisaient que le briser, le laisser tomber ou bien le laisser se débrouiller avec des affaires trop difficiles à gérer pour un seul homme. Oui, Tyrell était fatigué de lutter constamment pour rester à flot et pourtant, il nageait à merveille, lui qui était devenu sauveteur en mer par la force des choses. Cela ne voulait pas dire pour autant qu'il n'était pas plus usé qu'autrui, bien au contraire. Il se réveillait aux aurores tous les jours depuis cinq ans et était le dernier au lit, bien après la nuit tombée. Là dessus, O'Shea n'en démordait pas: il avait besoin de passer plusieurs soirées dans le bar du village, histoire de décompresser. Là, il n'en avait même plus le temps, son cerveau se perdant les registres financiers et voilà qu'il se mettait à rêver de chiffres dès qu'il fermait les yeux. Alors, faire appel à Dahlia était devenu une nécessité mais, pas autant que d'être gentil en courtois, à première vue. "Je suis pas sûre que prendre une fourche va aider en quoique ce soit. Vous avez vu les comptes, je vous ai tout envoyé alors dites moi comment on est censés tenir le coup. C'est pour ça que vous êtes venue, non, pour parler, parler et encore parler?" C'était l'image que Tyrell avait de ces gens là, des gens qui maniaient les chiffres à merveille, qui vivaient dans leur monde sans forcément se soucier de la réalité. En quoi Dahlia serait-elle différente? Le fait qu'elle s'arme d'une fourche aurait dû être une indication cela dit, mais Tyrell était certainement trop épuisé pour y faire attention, continuant sa tâche ardue jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de fois sur le sol de la grange. "J'ai les vaches à nourrir encore, donc j'espère que ça vous dérange pas de discuter en se baladant dans les champs." Non, il ne ferait même pas l'effort de reculer d'une petite heure ses corvées journalières. Si elle voulait voir comment fonctionnait la ferme, autant être en première ligne et observer. Tyrell sortit en effet de la grange, la nourriture dans le seau sous le bras, ne croisant qu'à peine le regard de Monroe pour l'inviter à le suivre. "Tyrell O'Shea. Le patron depuis cinq ans. Enfin, vous avez étudié le dossier donc vous le savez, je me trompe? Vous, c'est pas un prénom de fleur, truc du genre?" Il souleva les sourcils en ouvrant l'enclos des bovins, montrant qu'il avait tout de même fait attention à son interlocutrice... Subtilement.

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Beaucoup de gens se seraient braqués face à un tel accueil. Ils n'auraient vu en ce fermier qu'un être désagréable, blasé et n'auraient eu aucune envie de l'aider. Mais pas Dahlia. Malgré ses piques agressives, elle ne peut s'empêcher de ressentir une certaine sympathie pour cet homme. Probablement car il lui rappelle un peu son propre père, lorsque les problèmes financiers. L'acharnement qu'il a mis pour essayer de sauver la ferme familiale malgré toutes les dettes qu'il avait contractées. Les heures de travail enchaînées sans relâche, débutant avant même le lever du soleil et se terminant tard après qu'il se soit couché. Malheureusement, pour les Monroe, il était déjà trop tard pour réparer les pots cassés. La situation des O'Shea, elle, n'est pas encore aussi grave. Dahlia a espoir de pouvoir les aider à sortir de cette précarité. Et le fait que Tyrell ne quitte pas des yeux son travail, même pour l'accueillir, elle choisit de l'interpréter comme une forte détermination de sa part. Si la ferme a des soucis, le manque d'effort du personnel n'en est probablement pas la cause. J'ai vu votre situation sur papier, oui, mais ce sont beaucoup plus que ces chiffres qui décrivent votre exploitation. Chaque ferme est différente, je n'ai pas un guide en dix étapes pour remettre la vôtre sur pied, sinon, je vous l'aurais simplement envoyé par mail. Elle tente de rester polie, mais pas question de se laisser marcher sur les pieds pour autant. Depuis le début de sa carrière, elle a souvent vu ses compétences remises en question en raison de son âge, de sa carure plutôt frêle et surtout du fait qu'elle soit une femme. Elle avait d'abord tendance à s'effacer, parfois même à les croire. Puis elle a pris confiance en elle et désormais, il n'est plus question de se laisser écraser par des hommes qui remettent en question ses capacités. Pas de problème, je vous suis. Elle l'observe nourrir les animaux à l'aide d'un simple seau et constate à quel point les techniques qu'ils utilisent sont rudimentaires. Aucun équipement automatisé, des outils couverts de rouille. Je n'ai pas vu aucune mention d'employés dans les états financiers. C'est vous et vos frères et soeurs qui faites absolument tout le boulot? Elle s'approche d'une vache et la flatte doucement. Elle est étonnée de la quantité de bovins, considérant les méthodes traditionnelles de la ferme. Les O'Shea doivent être épuisés, elle comprend qu'ils n'arrivent pas à joindre les deux bouts. Tyrell la surprend en commentant sur son prénom. Ce n'est pas le genre de détail auquel elle aurait cru qu'il puisse s'attarder. Oui, ma mère avait une grande passion pour l'horticulture. J'imagine que c'est ce qui l'a inspirée.

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Dahlia & Tyrell

Il avait pourtant promis à sa mère de faire attention aux autres, de ne pas partir au quart de tour et être parfaitement désagréable. C'était raté avec Dahlia, a priori. Il n'arrivait pas à faire preuve de cordialité parce qu'il s'était levé du mauvais pied, qu'il enchaînait les journées de plus de quinze heures de travail et qu'il ne trouvait jamais un sommeil réparateur. Il se tuait tout bonnement à la tâche et il ne voyait pas pour autant le ciel s'éclaircir au dessus de sa tête. Non, la ferme O'Shea en était toujours au même point, avec des dettes impossibles à rembourser, des salaires qui ne tombaient pas et une incapacité de soigner les bêtes comme elles l'auraient mérité. Tyrelle détestait l'idée de ne pas être un bon gérant, surtout que sa mère comptait sur lui pour cela, même si les années passaient et que son ombre disparaissait peu à peu sur la ferme. En attendant, il se devait de faire plus attention à la teneur de son discours s'il ne voulait pas froisser sa sauveuse, elle avait l'air de tenir le cap cela dit. "C'est vrai que ça aurait été franchement plus simple, ça vous aurait au moins évité de venir chez les pouilleux du coin. J'espère qu'on vous forcera pas à rester trop longtemps, vraiment." Il pensait à sa survie, c'était gentil de sa part. Wexford n'était pas une ville des plus agréables à vivre, il ne s'y passait jamais rien à vrai dire, si on excluait cette tragédie d'un bateau de pêche. L'événement avait secoué les habitants et Tyrell avait dû subsister comme les autres, même si certains individus lui manquaient désormais. Il n'avait, de toute manière, pas le temps d'y penser puisqu'il entraînait Dahlia dans le champ voisin pour nourrir les vaches, la jeune femme ayant l'air de s'y trouver à son aise en caressant l'une d'entre elles. "Vous avez vu juste. Il y a que nous. Mes deux soeurs et moi. Mon père se fait trop vieux pour faire plus que des petits travaux à droite à gauche. C'est un problème?" Il demandait de manière tout à fait intéressé parce qu'il espérait réellement pouvoir sauver l'exploitation et en la matière, Monroe était son seul espoir, il en avait conscience. "Sympathique d'avoir un nom de fleur. Mieux que Tyrell en tout cas, c'est pas aussi poétique mais bon, ma mère était terre à terre. C'est elle qu'a tenu l'affaire jusqu'à sa mort, pour être honnête." Il s'ouvrait un peu à Dahlia, étrange alors qu'il posait son seau et regardait les quelques vaches se diriger vers leur nourriture. Lui rejoignit Dahlia pour l'interroger sur la suite des événements. "C'est quoi l'urgence, pour vous? C'est pas que je tiens à cette ferme pour moi-même mais c'est ma mère qu'aurait aimé la voir sur pied après elle..." Tout cela, c'était pour ses parents. Lui aurait aimé partir en mer. S'en aller et ne plus jamais revenir, à moins qu'il ne trouve une raison de rester.

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Les mots de Tyrell envers Wexford sont peu tendres. Dahlia a du mal à déterminer si l'homme a réellement une mauvaise opinion de sa ville ou s'il croit simplement qu'en tant qu'américaine, elle est amatrice d'immenses villes et de supermarchés ouverts 24h/24. Il ne pourrait plus se tromper. Croyez-le ou non, je suis plutôt bien ici. Elle apprécie beaucoup Wexford. Elle admire l'hospitalité et surtout la résilience de ses habitants, qui se remettent doucement de la tragédie qui les a secoués récemment. Elle se sent bien lorsqu'elle parcourt les rues de campagne en voiture, lorsqu'elle prend son café le matin en entendant les oiseaux chanter. Cela contraste avec la ville où elle a passé son adolescence, où les sirènes des policiers retentissaient à toute heure du jour et de la nuit, où les gens se bousculaient dans la rue sans même s'excuser. La vie urbaine l'épuisait. Tyrell confirme qu'il est seul avec ses soeurs pour gérer toute la ferme. Elle se doutait de la réponse, mais ne peut s'empêcher de se demande comment ils font pour y arriver. Non, ce n'est pas forcément un problème, mais ce n'est évidemment pas idéal. Vous devez être épuisés de travailler autant? Les mains abimées de Tyrell et son dos tendus en sont la preuve. Dahlia est prise de court lorsque Tyrell glisse le décès de sa mère dans la conversation. Rien dans les documents qu'elle avait reçus n'en faisait mention. Je suis vraiment désolée... C'est arrivé récemment? Si ce n'est pas trop indiscret. Pour la première fois depuis leur rencontre, Dahlia semble pouvoir entrevoir les émotions qui se cachent derrière la facade dure et froide de l'homme. Ce n'est qu'un léger aperçu, mais cela confirme l'impression que Dahlia a eu dès le départ. Celle d'un homme qui a été ébranlé par la vie, qui a traversé de dures épreuves. Un homme qui consacre toute son énergie à honorer la mémoire de sa mère. La motivation de Dahlia à aider les O'Shea à remettre sur pieds leur ferme n'en est qu'intensifiée. Elle veut les soulager de ce poids qui doit peser sur eux,les aider à sauver leur héritage familial de la meilleure façon possible avant qu'ils ne s'épuisent. Je vois plusieurs solutions possibles, tout va dépendre de ce que vous êtes prêts à faire comme changements. Sans vouloir vous vexer, les outils et les méthodes que vous utilisez sont clairement désuets. Heureusement, l'artisanat a la cote auprès des touristes. Vous pourriez donc vous concentrer sur le marketing pour ouvrir votre ferme au public, faire des visites guidées, vendre vos produits dans les marchés locaux, ce genre de choses. Elle s'arrête un instant pour scruter la réaction de Tyrell. Certains clients sont enthousiastes à l'idée de faire découvrir leur ferme à la population. Mais la majorité s'y opposent fermement, se vexent même, percevant cela comme une offense à leur métier. Sinon, l'autre alternative serait de mettre à jour vos équipements. Cela demande pas mal d'investissement, mais avec un bon plan, vous pourrez certainement obtenir un prêt de la banque. Et ces frais seront rentabilisés en très peu de temps, vous seriez surpris. L'enthousiasme de Dahlia grimpe, alors que son cerveau s'active pour réfléchir aux solutions envisageables pour sauver la ferme des O'Shea. Comme pour chacun de ses mandats, les grandes lignes se ressemblent, mais à chaque fois, il faut beaucoup d'observation et de discussions avec les propriétaires pour identifier la solution qui leur conviendra le mieux.

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Dahlia & Tyrell

S'il avait pu quitter Wexford, Tyrell l'aurait fait. Néanmoins, il aimait bien trop sa famille pour envisager les laisser tomber, surtout dans une phase comme celle dans laquelle ils se trouvaient. Depuis le décès de leur mère, aucun O'Shea ne semblait avoir la tête sur les épaules, ils se perdaient tous dans les mensonges et les faux semblants, se targuant de sourire ici et là pour donner bonne figure. Tyrell était le premier à opérer ainsi, toujours présent en tant que pilier de bar lorsque le soir arrivait, même si rien de tout cela ne lui apportait le moindre moment de joie. Il n'y en avait plus eu depuis cinq ans, depuis que sa seule véritable histoire d'amour était tombée à l'eau en même temps que tous ses projets d'avenir. Puis, sa mère lui avait dit adieu, mettant tout le poids du monde sur ses épaules parce que la ferme avait été toute sa vie et qu'elle devait être la sienne désormais. Voilà l'état dans lequel il se trouvait au moment où Dahlia faisait une entrée fracassante au sein de son existence. Tyrell recherchait des réponses, elles ne venaient jamais la jeune femme restait son seul et unique espoir. "Vous êtes bien la seule." Lui n'avait été heureux que par intermittences dans ce village, pas depuis l'enfance peut être même parce que sa véritable patrie, c'était l'océan. Il ne pouvait plus y vivre, cependant. Alors, il effaçait ce genre de pensées pour se concentrer sur le business de la ferme, cherchant le regard de Dahlia comme la sauveuse qu'elle était censée être pour lui. Sa bouée. "C'est vrai que c'est pas évident pour le physique mais on a pas les moyens d'avoir qui que ce soit donc... J'assume tout ce que je peux." Il se tuait à la tâche, ses cernes ne pouvaient pas mentir sur son état. Le pauvre Tyrell n'arrivait plus à suivre le rythme et cela se voyait dans la force de son regard bleuté à ce moment-là. "Non, ça fait trois ans qu'elle nous a quittés. C'était elle qui gérait tout et ça marchait bien mieux..." Sa mère avait une force de caractère sans pareille: apparemment, Tyrell n'en avait pas hérité puisque les ventes n'étaient plus celles de son temps. Peut être que la consommation des gens changeait également mais cela, O'Shea ne pouvait pas le voir en étant enfermé dans sa bâtisse de fortune. "On a déjà contracté plusieurs prêts auprès de la banque alors je suis pas sûr qu'on puisse en rembourser un nouveau. Même si j'aimerais sûrement me délester de pas mal de charges ici. Vous pensez qu'ouvrir les portes de la ferme changerait quelque chose? On est dans un port de pêche et les gens sont peu intéressés par l'agriculture autrement alors, je sais pas, il va sûrement falloir que vous me guidiez." Non, Tyrell n'aimait pas spécialement l'idée de tout montrer à un public dans le jugement mais avait-il le choix? Probablement pas. Le temps s'égrenait et bientôt, il mettrait la clé sous la porte alors, il osa un léger sourire envers Dahlia. Le dernier espoir, c'était elle.

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@tyrell o'shea

Décidément, le deuil semble faire partie intégrante de la vie des habitants de Wexford. Presque tous les gens qu'elle a rencontrés depuis son arrivée dans la ville semblent avoir perdu un être cher, que ce soit dans le récent naufrage ou d'une autre manière. La vie en mer comporte effectivement ses dangers. Ce n'est pas un contexte idéal dans lequel débarquer et Dahlia a un peu l'impression d'être arrivée comme un cheveu sur la soupe. D'un autre côté, cela l'aide à relativiser ses propres problèmes: son ex-fiancé a beau être un enfoiré, elle a toujours ses parents et son frère en pleine santé. Elle aussi est en forme, elle fait le métier qu'elle aime. Elle ne ressent aucunement le besoin de s'apitoyer sur son sort. C'est beaucoup plus facile que de croiser tous les jours les gens à qui elle a honteusement dû envoyer un message pour les informer de l'annulation du mariage, alors que les invitations avaient été envoyées deux mois auparavant. Ces gens qui semblaient compatir avec elle et traitaient Tobias de tous les noms alors qu'au fond, ils devaient se dire qu'elle l'avait cherché Dahlia. Qu'elle aurait dû se douter que s'il l'avait quittée une première fois, il n'hésiterait pas à le refaire. Oui, certains de ses amis proches lui manquent, mais cela lui fait un bien fou de se retrouver dans un endroit où personne n'est au courant de sa rupture. Je vais essayer de trouver une solution à court terme pour vous en enlever un peu sur les épaules. Il ne faudrait pas qu'un membre de votre famille ruine sa santé à force de se surmener. Elle sait que ce ne sera pas facile, que toutes les solutions prennent du temps à mettre en place, mais c'est essentiel pour leur moral qu'ils voient une fin à ce rythme de vie effréné. Vous et vos sœurs avez toujours eu l'intention de reprendre la ferme ou vous vous voyez plutôt faire quelque chose d'autre à long terme? Ça peut changer pas mal la stratégie selon si vous avez l'intention de vendre éventuellement ou non. Elle sort son téléphone pour prendre quelques notes. Ce serait bien plus pratique si elle était assise à un bureau, avec tous ses dossiers, mais elle a envie d'en voir un peu plus sur le quotidien de Tyrell. Il semble plutôt pessimiste par rapport aux propositions de Dahlia, ce qu'elle comprend. Il a probablement passé de nombreuses heures à réfléchir à des solutions avant d'embaucher la jeune femme, il serait donc peu probable qu'elle arrive à régler tous leurs problèmes seulement trente minutes après avoir posé les pieds sur la ferme. Heureusement, il paraît tout de même réceptif à ses idées. Elle a même droit à un sourire, ce qu'elle n'aurait jamais espéré au début de leur rencontre. C'est vrai que l'agriculture n'a peut-être pas autant la cote que la pêche ici, mais ça veut dire que vous avez l'avantage d'avoir peu de compétition. La ville met probablement en place des initiatives pour attirer les touristes, peut-être y aurait-il un moyen de s'associer à eux. Elle reporte son attention vers les vaches, qui ont terminé de manger pour la plupart. Alors prochaine étape?

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Dahlia & Tyrell

Il y avait rarement des nouveaux arrivants à Wexford: les jours passaient et ressemblaient inexorablement aux précédents. Jusqu'au naufrage. Ce jour-là, quelque chose s'était brisé dans le coeur de ses habitants. Ce qui faisait des êtres communs, heureux et normaux. Depuis, le petit village respirait tant bien que mal, tâchant de conserver une bonne figure pour les potentiels touristes qui auraient envie de passer un petit moment dans leur fief. Il y en avait toujours quelques uns chaque année, bien souvent des campeurs qui se servaient du port de pêche comme un lien de ravitaillement. La plupart du temps Tyrell les enviait, ces gens libres qui faisaient ce qu'ils voulaient quand bon leur semblait. Lui n'avait pas ce luxe depuis qu'il était à la tête de la ferme familiale. Chaque jour, il devait se lever à la même heure et enchaîner les mêmes tâches dans un ordre prédéfini, de quoi mourir d'ennui au bout de trois longues années. Il aurait aimé retourner à ses premières amours, la mer comme ultime lieu de paix mais pour le moment, il en était là, à écouter les solutions de Dahlia pour préserver le commerce autant que possible. "Oh, là dessus, je m'inquiète pas trop, les O'Shea ont les épaules solides donc vous pouvez prendre votre temps. On tiendra le coup." Il parlait surtout de lui parce qu'il n'avait aucune idée du temps que ses soeurs allaient bien encore pouvoir prendre sur leur vie personnelle pour venir lui donner un coup de main. Non, l'atmosphère n'était pas viable à long terme et Tyrell le savait pertinemment puisqu'il écoutait chaque proposition de la jeune femme sans la couper... Ce qui ne lui arrivait pour ainsi dire jamais. "Quoiqu'il arrive, on vendra pas. J'faisais un autre métier avant mais je me suis engagé là dedans alors j'y resterai jusqu'au bout. C'est ce que mes parents auraient voulu." Il sacrifiait son bonheur en agissant ainsi mais Tyrell ne voyait pas cela ainsi, sa famille était bien trop importante pour lui pour qu'il envisage de tout quitter à nouveau. "On peut réfléchir à tout ça à l'intérieur maintenant. Je crois que j'ai fini ce que j'ai à faire ici et si on doit parler du tourisme de Wexford, je préfère être assis, entre nous." Il tenta un nouveau sourire, plus timide mais naturel ce coup-ci avant d'entraîner Dahlia vers la bâtisse où il habitait. Il la fit entrer en s'essuyant les pieds avant de l'inviter à s'asseoir dans le salon, sortant de quoi boire au cas où. "Je peux savoir comment vous en êtes arrivée à ce métier exactement?" Lui aussi avait envie d'être curieux mais il ne savait pas s'il en avait le droit. Il était avant tout question de la sauvegarde de la ferme. Rien de plus.

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@tyrell o'shea

Je n'en doute pas, mais vous devez avoir hâte de retrouver une vie normale. Avoir des loisirs, une vie sociale, des nuits de sommeil complètes Encore une fois, l'image de ses parents revient à son esprit. Ils avaient abandonné tous leurs passe-temps pour se consacrer entièrement au travail. Coupés du reste du monde, ils n'avaient plus le temps d'entretenir leurs relations amicales. Cela avait eu de fortes répercussions sur leur couple également. Ils ont tenté de le cacher auprès de leurs enfants, mais Dahlia et son frère ont bien vu que leur père quittait la chambre des maîtres pour aller dormir dans le salon, une fois la nuit tombée. C'est presque un miracle que leur mariage ait survécu à cette épreuve. Dahlia ne sait pas si Tyrell a une petite amie, mais si c'est le cas, tout ce travail doit certainement peser sur leur relation. Elle l'écoute parler de son engagement envers la ferme, ne sachant pas si elle doit trouver cela triste ou honorable. Elle comprend l'importance de la famille et serait elle-même prête à faire de nombreux sacrifices pour eux, mais elle doute que ses parents seraient heureux de la voir abandonner ses propres rêves pour réaliser les leurs. Bien sûr, ils étaient heureux de la voir suivre la même voie qu'eux, mais ils n'ont jamais tenu rigueur à son frère de ne pas en avoir fait autant. Je vois. Et qu'est-ce que vous faisiez avant? Elle tente d'imaginer quel métier Tyrell pouvait bien pratiquer avant de devenir fermier. Elle l'imagine bien mal dans un bureau, en costume et cravate, mais les apparences sont parfois trompeuses. Une fois les tâches de la matinée complétées, le fermier semble beaucoup plus ouvert à discuter de la situation de la ferme. Elle le suit jusqu'à la maison, plutôt curieuse de découvrir son intérieur. Elle a toujours trouvé que les maisons de ferme dégageaient quelque chose propre à elles. Elle se demande si ce sera le cas, ici, en Irlande. Une fois entrée, elle prend place sur le canapé que lui pointe Tyrell et accepte le breuvage qu'il lui tend. Merci, c'est gentil" Elle prend quelques instants pour se familiariser avec le décor. C'est bel et bien un décor typique, avec le bois qui craque sous les pieds, les meubles légèrement dépareillés qui semblent tous avoir leur propre histoire. Mes parents avaient une ferme eux aussi. J'ai grandi entourée d'animaux et de tracteurs alors ça a toujours fait partie de moi en quelque sorte. Puis mon père a eu hum... des difficultés financières. Il a essayé de réparer les dégats, mais ça n'a pas fonctionné et ils ont été forcé de vendre. Elle évite d'entrer en détail dans les raisons qui ont mené à ces soucis financiers. Malgré ce qui s'est passé, elle garde une très forte estime de son père et ne veut pas que l'image que les autres ont de lui soit réduite à son seul grand défaut, à cette période affreuse de sa vie qui est désormais loin derrière lui. C'était une évidence pour moi d'étudier en agriculture. Mon objectif était d'acheter ma propre ferme et de m'y installer définitivement. Alors j'ai commencé par des petits boulots pour mettre l'argent nécessaire de côté. Une connaissance m'a parlé d'une ferme qui rencontrait quelques difficultés à se moderniser. Ils m'ont embauché pour les aider et j'ai adoré. C'est à ce moment que j'ai réalisé que je pourrais en faire une carrière. Donc sept ans plus tard, me voilà ici en Irlande, toujours en train de faire ce métier. En parlant, Dahlia se sent beaucoup plus légère. Elle réalise que la tension qu'elle ressentait depuis sa rencontre avec Tyrell s'atténue tranquillement. Il semble moins sur la défensive qu'au départ et le fait qu'il s'intéresse un peu à elle la fait sentir moins comme une intruse. Elle se dit tout de même qu'il posait peut-être la question uniquement par politesse, en s'attendant à deux-trois mots en guise de réponse, pas un monologue. Pardon, je parle trop. Elle laisse échapper un petit rire nerveux et baisse les yeux sur son sac, d'où elle commence à sortir ses papiers pour se mettre au boulot.

a modern fairytale.

Dahlia & Tyrell

Il était le cliché de l'habitant qui était méprisant envers les étrangers. Tyrell n'avait jamais particulièrement apprécié les intrusions dans sa vie, ou même dans son monde. C'était probablement pour cette raison qu'il avait vu d'un très mauvais oeil l'arrivée de Dahlia au beau milieu de la ferme. Il savait pourtant que c'était son dernier recours et que sans elle, il devrait mettre la clé sous la porte, vendre la maison et ne pas savoir où il finirait. Elle était là désormais et il devait faire preuve de politesse, au moins cela pour espérer obtenir d'elle quelques précieuses informations pour sauver l'élevage. Il ne s'attendait pas à une recette miracle qui résoudrait tous les problèmes jamais rencontrés dans le business familial mais, au moins de quoi sauver la prochaine année de production. Non, Tyrell n'était pas très ambitieux, pas depuis qu'il avait quitté son bateau de pêche adoré. "Oh, vous savez, j'ai un peu abandonné l'idée d'avoir tout ça.Si ma vie doit être autant attaché à ce travail, soit. Tant pis pour le reste." De toute manière, il n'y avait pas grand chose qui l'attendait en dehors de ces quatre murs. Il avait quelques amis, une tendance à se perdre dans les bars jusqu'à des heures indécentes mais c'était à peu près tout ce qu'il avait réussi à conserver comme vie sociale en attendant quelque chose de grandiose. Qui n'arrivait jamais, forcément. "Avant de finir fermier, j'étais sur un bateau de pêche. Non, on a jamais été dans le glorieux avec moi." Il s'autorisa à rire en rejoignant la place à côté de la jeune femme. On ne pouvait pas dire qu'il avait un destin exceptionnel, ce qui était sûrement le cas pour Dahlia par contre puisque son métier lui permettait de voyager aux quatre coins du pays. "Non, c'est bien de parler... Je pense que c'est important que j'apprenne à vous connaître, à vous faire confiance. Et je suis content que ce soit quelqu'un qui connaisse comment fonctionnent les fermes qui ose venir ici. C'est pas souvent le cas, y a que des bureaucrates qui mettent leur grain de sel dans les exploitations. Mais c'est pas votre profil. C'est pas vous." Non, la jeune Monroe était bien plus qu'une simple femme bien habillée. Elle était celle qui sauverait le destin de Tyrell, il l'espérait en tout cas en la regardant de ses yeux bleutés.

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