› long time ago.

Le nez plongé dans dans les divers articles de la boutique boutique, tu regardes attentivement chaque chose afin de trouver la perle rare pour la décoration du bed & breakfast. Tu fronces les sourcils, un peu agacée. Agacée, car tu ne trouves pas cet objet qui te met du baume au coeur, celui qui ajoutera une plus-value à cet endroit que tu chéris tant. Tu jettes un rapide coup d’oeil à ta montre, te disant que ça ne sert plus rien de rester ici plus longtemps, que l’objet ne tombera pas du ciel. Tu finis par remettre la bretelle de ton sac correctement sur ton épaule avant de sortir du bâtiment dans lequel tu te trouves. L’air marin vient se mélanger dans tes cheveux, les faisant délicatement virevolter. Un doux sourire se dessine sur ton visage, alors que l’odeur salée de la mer vient te chatouiller les narines. Tu envoies un sms à la baby-sitter de ta fille, lui disant que tu es actuellement sur le chemin du retour, et que tu ne devrais pas tarder. Tu ranges ton téléphone dans ton sac avant de te mettre à marcher tranquillement vers chez toi. Tu passes par le parc, car tu connais cette ville comme ta poche, et tu sais que c’est un bon raccourci pour arriver à la maison d’hôte où tu vis en annexe avec ta fille. Cette petite fille, tu ne t’attendais pas à l’avoir. Car longtemps, tu t’es cru stérile Freja. Car malgré toutes vos tentatives, jamais tu n’as su tomber enceinte. Et alors que ton couple battait de l’aile et que tu as décidé de claquer la porte, tu as fini par découvrir que tu attendais un enfant. Mais jamais tu n’as eu le courage de le recontacter, ayant bien trop peur de sa réaction suite à ton départ. Tu soupires longuement alors que tu déambules dans les différents passages du parc. Et c’est là, sans faire attention, que tu bouscules un homme marchant face à toi. — Excusez-moi, je ne regardais pas où j’allais, lui dis-tu en levant ton regard sur cet homme. C’est alors que ton regard croise le sien, et que tu manques de tomber à la renverse. Julian.

T'as le nez dans ton bouquin, tu marches tranquillement, traverses le parc. C'était quelque chose que tu faisais souvent avant, marcher, lire en même temps, tu te laisses guider aveuglement par tes jambes qui connaissent bien le chemin. Tu veux pas en louper une miette. Les pages se tournent entre tes doigts, le regard vif, concentré. Quand, boom. Aïe.
C'est un truc qu'on t'a dit mille fois, faut regarder devant soi, sinon c'est inévitable... Tu cognes, bouscules quelqu'un. Ou peut-être que c'est lui qui te bouscule. Elle. Le livre tombe, dégringole et s'écrase sur le sol. Tu te penches pour le ramasser, précieux ouvrage chiné dans une bouquinerie. Petit trésor d'aventure imaginaire. Tu te redresses, tu vas t'excuser, elle parle déjà. Sa voix te frappe, puis son regard, son visage. Ça te cloue sur place. Ta réaction est instantanée, tu te figes, t'es totalement sonné, abasourdi, t'as le coeur qui se serre après avoir loupé un battement, ça te coupe le souffle. Putain, de merde. Freja.
Cette bousculade, cette rencontre fortuite, ça a le goût amer du déjà vu. Votre rencontre, sept ans plus tôt, bientôt huit... C'était ça. Boom. Ta mâchoire se serre, tes yeux ne laissent pas transparaître ta surprise, elle connait, elle a l'habitude. Difficile de t'arracher une expression sur le visage, même si en toi ça bouillonne. T'as envie de prendre tes jambes à ton cou et de disparaître. Nom de Dieu, t'avais pas prévu de la revoir.
- Freja, hey...
Hey ? Sérieusement ? T'es vraiment le dernier des abrutis. Tu fronces un peu les sourcils, peu convaincu par tes salutations. Ouais, c'est minable. Mais ça peut passer. Après tout, ça fait deux ans que tu ne l'as pas vu, maintenant que la surprise s'est envolée tu peux reprendre un peu de ta contenance.
- Pas de café impliqué cette fois...
Oui tu t'en rappelles, la première fois que tu l'as vu, qu'elle t'a parlé, que sa beauté t'a sidéré. Ça t'arrache un léger sourire, tu baisses les yeux sur ton bouquin que tu ranges dans la poche arrière de ton pantalon puis tu relèves les yeux vers elle.
- Comment tu vas ?

@Freja Whyte

Tu es trop distraite Freja, tu le sais pertinemment. T’es parents n’ont jamais cessé de te le dire, qu’il vaut mieux que tu fasses attention où tu marches. Car t’as toujours été ce genre de gamine à se retrouver perdue dans un magasin, parce que t’as voulu aller voir les nouveaux kellogg’s que tu voyais à la tv. Ou encore à te perdre dans le parc, lorsqu’un animal passait devant toi et que naïvement, tu le suivais. Mais cette fois, la situation est différente. T’es pas réellement sûre de qui à renverser qui, et t’as pas vraiment envie de le savoir. Tu veux juste t’excuser et poursuivre ta route, car t’es attendue chez toi. Et là, en relevant ta tête, tu vois son visage. Ce visage où auparavant, tes doigts glissaient dessus, où tes lèvres venaient se coller aux siennes pour partager un baiser passionné. Il y a encore deux ans, tu partageais tous ces moments à ses côtés. Deux ans. Deux ans qu’il est parti, deux années sans nouvelles, sans même un message. Faut dire que tu n’as pas été des plus tendres Freja. T’as préféré fuir ta relation, car tu n’arrivais pas à tomber enceinte. Et tu savais ô combien il avait envie d’enfants. Ça t’a détruit cette situation, tu te sentais constamment rabaisser, incapable de satisfaire ton homme. Alors t’es partie, sans rien dire, sans aucune véritable explication. T’as le coeur qui se sert, qui te fait mal. Tu sens tes joues rosir, tes mains devenir moites. Tu te racles la gorge, recules légèrement, car cette proximité soudaine te met mal à l’aise. Salut .. Malgré tout, un simple mot arrive à sortir de ta bouche. D’une part, t’as longtemps espéré que ce moment arriverait, qu’un jour ou l’autre, il reviendrait et que vous vous reverrez. Mais pas comme ça Freja, pas comme une impression de déjà vu qui date d’il y a bientôt huit années. Tu remets une mèche de cheveux derrière ton arrière et tu le regardes. Il n’a pas changé Julian. Tu pourrais retomber amoureuse de lui dans la seconde, bien que tu n’aies jamais vraiment cessé de l’aimer. Il a toujours ce regard et ce sourire qui ont fini par te faire craquer. Tu ne sais pas où te mettre, t’es déstabilisée par la situation, par cette rencontre. Par lui. Mais il entame la conversation, comme si vous n’étiez que deux amis de longue date. Comme si tu ne lui avais jamais fait de mal. Ou menti. Non, pas de café. Juste un livre tombé. On s’améliore .. Tu te prends légèrement au jeu de sa réflexion et t’esquisses malgré tout un léger sourire. Car t’as le souvenir de votre rencontre qui te frappe sans crier gare. Et à nouveau, tu as la poitrine qui te fait mal. Bien trop mal. Je .. ça va. T’hésites à poursuivre, à lui demander comment il va. Mais tu prends le réfléchir. Tu sais, que si il est là, c’est à cause de la disparition de son père. Non Freja, il n’est pas revenu pour toi. Au fait, je .. je suis désolée pour ton père. C’était un homme bon. Un léger silence s’installe, t’as pas envie de te lancer sur ce chemin Freja. T’as pas envie d’enfoncer le couteau dans la plaie encore un peu plus. Tu es .. tu es ici pour la commémoration ? Pourtant tu oses demander. Car t’es curieuse de savoir. Et t’espères, au fond, qu’il ne repartira pas aussi vite qu’il est revenu

On s'améliore. ça te ferait presque rire, mais jaune... t'es pas sûr que ces deux dernières années soient réellement le symbole d'une amélioration entre vous. Menfin. Freja t'aurais tout donné pour elle, tu voulais l'épouser, t'étais prêt à le faire quand elle t'a quitté. Tu te foutais pas mal du reste. Tu voulais des gosses oui, mais vous aviez tout le temps. Et puis il y a des solutions. Quand t'y repenses tu te dis que t'as du louper un truc. T'as jamais compris, t'as dans la bouche le goût amer de ce qui n'est pas terminé, de la fin bâclée... Comme un film qui se termine mal. La frustration, la déception, l'impuissance devant l'inéluctable. T'essayes de voir si elle a changé mais tu ne trouves pas qu'elle ait vieilli, elle a l'air comme avant, toujours radieuse. Tu te demandes si elle sent toujours la même odeur, si sa peau a toujours cette même douceur. Tu te rappelles de tout. Elle s'excuse, mais pas pour ce qu'elle t'a fait non, pour la triste nouvelle, ton père, ça t'est presque sortie de la tête à ce moment là, mais ça te ramène à la raison de ton retour ici, et Freja ça semble l'intéresser un peu. Tu pinces les lèvres, t'accueilles ses condoléances sans plus de fioritures, t'as jamais été ni dans l'excès ni dans la simple démonstration. Tu hoches brièvement la tête.
- Oui, entre autre...
Tu sais pas quoi lui dire de plus, t'aimerais lui raconter un tas de choses, mais là, tu peux pas faire grand chose. Ça te perturbe pas mal de te retrouver face à elle, t'es divisé. Tu lui en veux à mort, c'est clair. Mais t'es aussi content de la voir. Elle a l'air en forme. Toi aussi, malgré que t'ais perdu ton père. T'as l'air d'aller plutôt pas trop mal, en apparence.
- Je vais sans doute rester pour le moment, j'ai.. pas mal de choses à gérer...
Tu glisses les mains dans tes poches, une lueur étrange s'allume dans tes iris.
- Je peux pas dire que mon père pensait la même chose de toi en tout cas, mais.. c'est gentil. C'est vrai, c'était quelqu'un de bien.

@Freja Whyte

Tu as le coeur qui se serre un peu plus à chaque nouveau battement. Tu aimerais prendre tes jambes à ton cou et t’enfuir bien loin de cette situation qui te met bien trop mal à l’aise. Mais tu ne le fais pas. Car il ne mérite pas que tu prennes la fuite une deuxième fois. Il t’a manqué Julian. Oh oui qu’il t’a manqué. Bien trop. Et c’est en le revoyant après deux ans devant toi, que tu t’en rends réellement compte. Tu soupires, essayes de regarder autre part, mais tu n’y arrives pas. Tu n’arrives pas à décoller tes yeux de son visage, de son sourire, de son regard et de ses cheveux. Tu aimerais le prendre dans tes bras, lui dire à quel point il t’a manqué. À quel point t’es désolée. Mais tu n’oses tout simplement pas. Pendant deux ans tu as espéré de le revoir. Au détour d’une rue, au café du coin. T’as longtemps espéré Freja. Et maintenant, il est de retour. Et cette situation, elle est bien ironique. — Oui je me doute .. Tu .. Tu as manqué à Wexford. Et à toi. Mais ça, tu le gardes bien dans ta tête, car la situation ne s’y prête pas. Tu te racles la gorge, laisse la brisé s’engouffrer dans tes cheveux, faisant légèrement frémir ta peau. Tu poses ton regard sur le sol. Coup de poignard dans le coeur quant à sa remarque. Il n’a pas faux sur ce point. T’as plus jamais eu une bonne relation avec les Ainsboro depuis que t’as quitté l’aîné de la famille. — Je sais .. Oui, tu sais à quel point ils t’en voulaient tous. Ces yeux qui se lèvent lorsque tu passes à côté, ces changements de trottoir lorsque tu te baladais en ville. Mais d’une part, ça t’étonne. Ça t’étonne parce que Julian n’a pas l’air au courant de ta fille. De votre fille. Mary. Tu sais que Cobb n’aurait jamais rien dit à son sujet. Il te l’a promis après tout. Et t’as tout fait pour éviter de la montrer au grand public, prétextant une nièce lorsqu’elle était à tes côtés. Car tu sais que Julian aurait été directement au courant. Et de ça, tu n’en as pas envie maintenant. — Ecoute je .. je dois rentrer. Tu peux passer au B&B si tu le souhaites, un soir .. On a besoin de parler, toi et moi. Ca y est, tu te lances enfin sur ce chemin délicat et déchireur. Au fond, tu n’as pas envie de le laisser maintenant, t’as envie de rester encore un peu à ses côtés. — Ca m’a fait plaisir .. de te revoir. Tu lui adresses un mince sourire avant de passer à ses côtés, tête baissée. Mais tu sens une main attraper ton poignet, alors tu t’arrêtes. Tu te retournes et plonges ton regard dans le sien. Et là encore, ta poitrine te fait atrocement mal.

T'es pas sûr de vouloir rester à Wexford. Après deux ans très loin d'ici tu te demandes si t'arriverais à t'y faire à nouveau. Vivre ici. Revoir ces gens que tu connais depuis si longtemps. L'avantage quand t'étais loin c'est que tu pouvais être qui tu voulais. Personne ne te connaissait. Ni toi, ni ta famille. T'es pas le genre à t'inventer une vie, t'aimais raconter la réalité des choses. Ta vie à Wexford, ta famille traditionnelle, la mer, la pêche, ton père. Mais t'aimais aussi être le héro que tu n'étais pas ici. Le médecin, le bénévole, celui qui donne de son temps pour aider les autres. Sauver des vies. Qui est-ce que tu sauverais ici, hein ?
Freja essuie ta remarque sans broncher, t'es presque déçu. Votre relation est tellement mal terminée que t'aimerais provoquer l'occasion de lui crier dessus, de lui dire ce que t'as ressenti au fond de toi, mais elle ne t'en laisse pas l'occasion. C'est injuste. Tu lui en veux car encore une fois elle t'empêche de t'exprimer. Tu devrais t'y habituer pourtant. Elle décide de fuir, elle doit rentrer mais te propose de passer la voir. Tu fronces légèrement les sourcils et alors qu'elle tente de s'échapper, qu'elle s'éloigne en te disant que vous devrez discuter, tu attrapes son poignet dans un geste désespéré, incontrôlable. T'as aucune idée de pourquoi tu fais ça ni de ce que tu dois lui dire. Tu croises ses yeux, ça te pique, ça te fait un mal de chien de la voir là, devant toi, et de pas savoir quoi faire.
- Freja... Je peux te raccompagner ?
C'est maintenant ou jamais, tu le sais. T'auras jamais la force de venir la voir juste pour venir la voir, comme si vous étiez de vieux amis. C'est maintenant.
- J'ai besoin de te parler maintenant, ça se fera pas autrement.
Tu te mords l'intérieur de la joue, l'être raisonnable en toi ne devrait pas croire au hasard, mais le romantique, lui, il ne peut s'empêcher de foncer sur cette opportunité inespérée.
- Dis moi au moins comment tu vas, ce que t'as fait depuis tout ce temps. Je dois comprendre ce qui s'est passé. Tu t'es mariée ? Y avait quelqu'un d'autre ?

T’es plus que perdue avec tout ce qui se déroule en ce moment sous tes yeux. Tu ne sais pas comment réagir, tu ne sais pas si tu dois être souriante avec lui ou au contraire froide. Après tout, c’est toi la méchante dans l’histoire. Lui, il n’a rien à se reprocher et tu le sais parfaitement. T’essayes de faire comme si ses paroles ne te blessaient pas, comme si tout ça n’était que du passé pour toi. Comme si tu étais passé à autre chose. Alors qu’en réalité, ce n’était absolument pas le cas. Tu jettes un coup d’oeil à ta montre. Faut que tu files, t’as prévenu la baby-sitter que tu serais bientôt là pour la libérer. Mais tu ne t’attendais pas à revoir Julian. Pas ici, pas maintenant. Pourtant tu aurais dû t’en douter Freja. Tu essayes de trouver un moyen de t’envoler, comme tu l’as fait deux ans auparavant. Mais Julian te rattrape Freja, alors que tu lui tournes le dos pour partir. — Euh .. Tu hésites, car directement tes pensées se font envers Mary. Tu déglutis un peu, ravale ta salive. Mais tu ne peux pas lui dire non Freja. — Oui, bien sûr. T’as pas envie qu’il se pose de questions, et tu réfléchis à comment tu pourrais faire pour ne pas qu’il voie ta fille. Votre fille. Tu commences à marcher vers le bed & breakfats accompagné de Julian. Tu pensais que ce chemin allait être vide de parole, mais il en décide autrement. Il a le droit de se poser toutes ces questions, et tu te dois de lui répondre. — Je vais bien, oui et je n’ai pas fait grand-chose à vraie dire, sauf élever ta fille mais tu te gardes bien de le mentionner. Et tu t’arrêtes, après ces deux dernières questions. — Julian .. Je ne me suis pas remariée, je n’ai eu personne depuis .. toi. Et il n’y a toujours eu que toi. Tu le regardes, plonges ton regard dans le sien, t’essayes d’être la plus sincère possible. Et tu reprends ta route, le coeur lourd. — Et toi .. Qu’as-tu fait pendant ces deux années ? Tu .. tu as quelqu’un dans ta vie ?

T'aimerais franchement dire que t'es passé à autre chose et que tu ne penses plus à elle, que t'as tourné la page. T'aimerais être ce gars détaché qui a continué sa vie et qui a réussi à laisser son passé derrière lui. T'aimerais, ouais. T'étais entrain de t'amouracher d'une autre y a quelques mois, votre idylle de baroudeurs avait quelque chose de hautement romantique c'est clair, et tu te sentais petit à petit te laisser aller avec elle. Tu baissais la garde. Revenir à Wexford ça te fait bizarre. T'as passé des nuits entières à te demander ce que t'avais loupé avec Freja. Des nuit entières d'insomnie à te retourner dans ton lit ou à fixer le plafond, à te dire "mais putain, c'était quoi son problème ?", t'as retourné tout ça des milliards de fois dans ta tête. Tu t'es dit qu'elle avait peut-être trouvé quelqu'un d'autre et tu mourrais d'envie de lui demander. La preuve. Elle est en face de toi depuis cinq minutes et t'as pas réussi à attendre. Tu marches à ses côtés, elle ne s'est pas mariée elle te dit. En fait t'aurais presque aimé qu'elle te dise que c'était ça, oui, qu'elle en avait eu marre de lutter pour vous et votre rêve de fonder une famille et qu'elle avait fini par trouver son bonheur dans les bras d'un autre. T'aurais aimé car t'aurais pu te dire que c'était pas de ta faute. T'aurais pu te dédouaner, te dire que voila, c'était pas de ton ressors, t'aurais rien pu faire. Tu te masses les fronts en entendant ses mots. Il n'y a toujours eu que toi, mouais... ça te laisse plus perplexe qu'autre chose parce que forcément, tu te dis que si ça avait été le cas elle se serait pas tirée sans raison en te laissant comme une merde. Toi et ta bague de fiançailles. Elle te retourne la question, qu'est-ce que t'as fait pendant deux ans, est-ce que t'as quelqu'un ? Tu grimaces un peu. Toi d'habitude t'es tellement impassible, avec elle t'arrive jamais à rien retenir, elle peut toujours lire sur ton visage tout ce que tu penses. Impossible de lui cacher quoi que ce soit. Pffff.... Tu secoues la tête et tu restes silencieux quelques secondes, t'observes le chemin devant vous. Vous atteignez la sortie du parc.
- J'ai pas mal baroudé... Tu sais je comptais ouvrir un cabinet, mais j'ai tout arrêté puis je suis parti. J'ai fait l'Asie, l'Afrique et l'Amérique du Sud. J'étais en missions humanitaires avec Médecins sans Frontières la plupart du temps, bénévolement... Puis ces derniers mois j'ai fait un bout de route avec une amie photographe, c'était top.
Tu dis ça sans l'enthousiasme qu'on pourrait attendre d'une personne qui a fait le tour du monde. En même temps, on peut pas dire que t'ais vécu dans le grand luxe. C'était à base d'hôtels pourris, de nuits en tente ou chez l'habitant, dans des pays pauvres où les gens vivent avec presque rien et galèrent pour trouver de l'eau potable. Tu vas pas lui vendre ça comme le trip de l'année, ça l'était pas. C'était dur. Mais t'as adoré, tu t'es senti utile.
- Donc non du coup, pour répondre à ta deuxième question. Personne.
Tu crèves d'envie de la serrer contre toi, c'est fou.
- Tout le monde est tout remué, ici, avec ce qui s'est passé... J'étais forcément pas très heureux de revenir, vue les circonstances, mais ça me fait plaisir aussi de revoir tout le monde, c'est bizarre...

@freja whyte