I wish I could draw you how I see you. (blaithin)

(a haon) T'as grandi dans une famille typique. Pleins d'enfants, beaucoup de rires, beaucoup d'amour. Tu aimes ta famille. Tu la défendras toujours, coûte que coûte. On se moquait parfois de toi à l'école parce que t'étais invisible, jusqu'à ce que quelqu'un s'en prenne à un de tes frères et sœur. Là, d'un coup, tu pouvais sortir les griffes, comme si t'avais toujours été capable de faire peur d'un simple regard. Un truc qui te rendait toujours plus ridicule qu'effrayante, mais tu t'en foutais. La famille c'est sacré et t'as toujours fait passer tes frères et sœurs avant toi-même. Ton père dit parfois qu'ils ne méritent pas un tel ange. Toi, tu crois surtout que c'est ton devoir et tu aimes prendre soin des tiens. De tous les tiens. Tu t'es toujours effacé face à eux. Ta grande sœur chantait mieux que toi, alors tu l'accompagnais à la guitare et jouais de la guitare pour elle pendant qu'elle illuminait le pub aux soirées « Open mic ». Ton frère voulait devenir artiste, alors tu as tu ta propre passion du dessin pour le laisser trouver sa voix. Ta petite sœur voulait la robe bleue dans la boutique, la seule à ta taille, alors tu es sorti du magasin sans rien et tu as remis ta vieille robe à fleurs à l'anniversaire des jumelles. Un jour, ton père a tapé du poing sur la table pour que tout le monde se taise et t'écoutes. Ils ont fini, comme tous les autres, par te reprocher de t'effacer, mais toi, t'as jamais eu le cran de montrer le même caractère et la même présence que les autres. Tu t'es toujours sentit mieux dans l'ombre de ta famille. (a dó ) T'es talentueuse. Tu voudrais minimiser, mais tu peux pas le nier. T'as une belle voix, un don pour la guitare, une bonne maîtrise du piano, tu composes des contines que tu chantes à ton neveu. T'es souvent en train de fredonner, mais plus que tout, t'as un talent pour le dessin. Tu dessines, tu peints, tu composes sur tablette à dessin. T'es une passionné du coup de crayon, une droguée de l'art plastique. T'as besoin de dessiner le monde que tu vois, comme pour en garder des traces. T'as peur qu'un jour tout ça disparaisse et tu veux rien oublier, mais plus que tout, t'as peur du jour où toi, tu auras complètement disparu. T'as pas envie de laisser les tiens sans rien, alors tu dessines de façon compulsive, comme pour toujours leur laisser une preuve de ton passage. (a trí) T'avais treize ans, t'y connaissais rien toi. T'avais embrassé un gars une fois, mais t'en gardais surtout le souvenir d'une plaie à la lèvre qui a mis une semaine à disparaître. T'avais embrassé une fille, elle avait mis la langue et tu savais toujours pas si fallait tourner dans le sens des aiguilles d'une montre ou à l'inverse et Aslinn, elle venait te parler à toi de ce gars qui lui plaisait tellement. Il était beau, il était gentil, il avait un beau regard et un sourire à tomber. Il lui faisait penser qu'elle était spéciale et toi, toi t'essayais juste de la conseiller avec tes connaissances de filles encore accroc aux histoires de Walt Disney. T'es tombé amoureuse de lui comme une enfant tombe amoureuse du prince charmant et puis tu l'as rencontré et t'es tombé amoureuse comme une fille tombe amoureuse d'un garçon. Mais lui, il n'avait d'yeux que pour Aslinn et t'avais peur que si tu lui parlais trop, il comprendrait que l'idiote de petite sœur de la parfaite brunette avait le béguin pour lui. Alors t'as fait ce que tu savais faire de mieux : t'as disparu dans le fond du tableau. Tu t'es fondu dans la masse et t'es devenu aussi invisible que le papier peint du salon. T'as appris à aimer de loin et quand l'amour t'es tombé dessus ensuite, t'as fait que le comparer à l'amour que t'imaginais possible avec lui. T'as passé ta vie à comparer les garçons à CE garçon et t'as passé ta vie à tenter avec des filles pour oublier que tous les garçons ne lui arrivaient pas à la cheville. T'as tout foiré, parce que rien n'était aussi beau et parfait qu'Aslinn et Caem. T'as fini par croire que t'aurais jamais ton Caem à toi et t'as appris à vivre toute seule. (a ceathair) T'as toujours eu une relation spéciale avec Aslinn. Elle te détestait autant qu'elle t'aimait. T'arrivais pas à être dupe là-dessus et à croire qu'elle pouvait juste t'aimer profondément. Elle était ta sœur, ta meilleure amie, ta branche la plus solide. Elle était ton modèle et ton phare dans la nuit et t'étais son roc dans la tempête. Vous étiez inséparables. Tes amies étaient les siens et inversement. T'as fini par te demander si c'était pas à cause de ça que t'étais amoureuse de son mari. Si c'était pas un truc tordu de fille barge à la relation trop délicate avec sa sœur. Alors quand Caem t'as appelé un soir, désespéré, ton neveu hurlant dans ses bras et ta sœur à l'agonie, t'as débarqué sans même demander pourquoi il t'appelait toi. T'as aidé ta sœur complètement saoul à se calmer, tu envoyé son mari dehors avec leur fils le temps que tout le monde se calme, t'as lavé ta sœur et tu l'as mise au lit. Quand Caem est revenu, tu l'as aidé à coucher le petit et tu l'as écouter te raconter comment le conte de fées avait viré au cauchemar. Baby blues qui devient dépression du post-partum, passage difficile, t'as épaulé ta sœur, t'as secondé ton beau-frère et plus d'une fois, t'as vu à quoi ça ressemblerait une vie avec lui. T'es tombé encore plus amoureuse si c'était possible et quand il a commencé à te regarder, à te voir vraiment, t'as eu peur. Aslinn s'est rétabli, doucement, laborieusement, mais ça a fini par fonctionner, du moins tu l'as cru, alors tu t'es effacé à nouveau. Tu l'as laissé redevenir la maman, l'épouse, la femme du foyer. T'as quitté la maison et t'es retourné à ton monde à toi. (a cúig) Après le lycée, t'avais commencé à suivre des cours de psychologie. Tu savais pas vraiment ce que tu voulais faire, mais tu voulais aider les autres. Sauf que t'as vite compris que tu n'y arriverais pas. Tu suivais pas les cours, tu dessinais tout le temps, tu perdais le fil. T'as étudié ton premier cas et t'as fondu en larmes. C'était trop horrible, trop dur à supporter. Cette fille avait eu une vie tellement difficile... T'as pas pu aller plus loin. T'as décidé de prendre les choses à bras-le-corps. T'as quitté la fac, t'as bossé encore et encore et tu t'es payé des cours de dessin en ligne pour améliorer ton talent naturel. T'as commencé à vendre tes œuvres et à faire des dessins sur commande. Tu t'es spécialisé dans le portait. T'adores dessiner les gens. T'aimes faire des scènes de vie, mais t'aimes plus que tous travailler les détails d'un visage, d'une main, d'une nuque. T'as ton petit nom dans le métier, dans le coin. T'as ta propre galerie depuis quatre ans. Une petite boutique qui ne paye pas de mine, à peine assez grande pour tenir six personnes et tes murs sont fardés de tes œuvres. T'as été obligé de mettre un ordinateur à disposition pour montrer les œuvres que tu peux pas placer dans ta galerie. Tu vends. Très bien. Tu peux vivre comme il faut avec ton travail. T'adore ça. (a sé) T'avais tout faux. Un jour, sans prévenir, elle est partie. Elle a fait son choix. T'essayes de te dire que c'est la fatalité, mais tu ressens juste la culpabilité. Aslinn a foutu sa vie en l'air, laissé un mari en peine et un enfant orphelin et toi t'as l'impression d'avoir loupé un moment fatidique, un indice important qui t'aurais permis de la sauver. T'as le complexe du héros faut croire ou juste le sentiment d'avoir fait une connerie. Une petite voix dans ta tête te dit que c'est ta faute, quand bien même c'est ridicule. Elle était malade et elle s'est suicidée, t'avais juste pas les clés pour le deviner. L'ironie, c'est que tu passes ton temps à dire à Caem qu'il ne pouvait pas savoir, que ça n'est pas sa faute et qu'il doit arrêter de culpabiliser. Tu te fous de la gueule du monde, non ? (a seacht) T'as dit à personne que t'aurais peut-être jamais d'enfants. T'as un problème aux ovaires, cinquante pourcent de chance en moins que les autres de parvenir à tomber enceinte. T'es blessée dans ta chère à l'idée que peut-être, jamais tu n'arriveras à mettre au monde un petit être. Tu veux que personne le sache. C'est ton problème et tu n'as personne avec qui le partager. Et puis t'es optimiste. Cinquante pourcent de chance en moins, ça fait toujours cinquante pourcent de chance comme les autres. (a ocht) Tu aimes tout un tas de choses plus ou moins drôles. T'aimes la neige, chose tellement rare dans ton pays et la pluie. T'adores la pluie. T'adores te trouver en dessous et sentir les gouttes tomber sur ton visage. T'aimes tremper tes frites dans la glace et plonger dans la mer. Ta saison préférée est le printemps, quand les arbres se mettent à fleurir et que les amoureux se promènent mains dans la main. T'aimes te sentir utile et t'aimes l'idée que tu apportes quelque chose aux gens. T'adores les soirées binge watching/plateau télé. Tu n'as pas vraiment d'aversions alimentaires. Manger est une trop grande passion. Tu détestes être le centre de l'attention et t'as une trouille bleue de compter pour quelqu'un au point que ta disparition le détruirait, comme celle d'Aslinn a détruit ton beau-frère. Mais surtout, t'as peur de disparaître et qu'il ne reste rien, comme si tu n'avais jamais existé, ni compté pour personne. (a naoi) T'es allergique aux piqûres d'hyménoptères. Une piqûre de guêpe et tu pourrais littéralement mourir. La dernière fois que ça t'es arrivé, t'as fini aux urgences en choc anaphylactique. T'as cru mourir. Depuis, tu te balades toujours avec un stylo injecteur d'adrénaline et tu portes une gourmette en or blanc sur lequel est écrit « Allergique aux piqûres – Stylo d'adrénaline à injecter en urgence ». (a deich) Depuis la mort de ta sœur, t'es un peu paumé. Son mari est désormais libre d'aimer qui il veut et toi, t'as toujours l'espoir fou qu'un jour, il te regarde et tu culpabilises encore plus, maintenant que ta sœur n'est plus là. C'est comme danser sur sa tombe et t'es mortifiée à l'idée d'être une si mauvaise sœur. T'as coupé tes cheveux sur un coup de tête, t'as décidé que ta galerie n'était pas assez bien, que tu ne faisais pas assez pour aider les gens, t'as postulé et t'as obtenu un job comme portraitiste pour la Garda. Tu vas faire des portraits-robots de suspects, des vieillissements de photos de personnes disparus, tu vas potentiellement bosser avec Caem... Ça, t'y avais pas vraiment réfléchis, jusqu'à ce qu'on t'envoie la liste de tous les postes de police où tu pourrais potentiellement être appelé. T'en as encore parlé à personne et t'es inquiète qu'il prenne mal le fait que tu t'incrustes sur son lieu de travail. T'as tellement envie de faire bouger les choses, d'arrêter d'être une invisible et d'être quelqu'un. De réussir à faire quelque chose de vraiment positif. Comme pour contrer toutes les choses négatives qui ont court dans ta vie. Comme pour te racheter...