jumping off in the deep end (tyrell)

ses pieds foulent le port d’une démarche sereine, presque familière, comme bien des fois auparavant. perdue dans ses pensées, evie remarque à peine les bateaux amarrés au port, les quelques marins s’affairant sur leur navire, ou encore les passants venus admirer la mer agitée par la houle. elle ignore les nuages s’amoncelant à l’horizon, signe d’un orage prochain, beaucoup trop perdue dans la propre agitation de son esprit. le message vocal qu’elle a reçu de sa mère ce matin ne semble pas vouloir la lâcher, les mots tournant en boucle à l’infini. evangeline, on sait que tu es en colère contre nous, mais ce n’est pas une raison pour ne pas nous donner de nouvelles. ton père et moi sommes très inquiets, tu sais ? nous avons compris que tu souhaitais être tranquille, mais tu pourrais au moins nous passer un coup de fil ? que l’on sache que tu vas bien ? comment sommes-nous censés répondre à ta grand-mère, lorsqu’elle nous demande de tes nouvelles ? arrête de faire ton enfant et rappelle moi, s’il te plaît. et malgré les milliers de kilomètres qu’elle a mis entre singapour et elle, sa famille trouve toujours un moyen de l’importuner. certes, elle n’aurait pas dû écouter ce message vocal en premier lieu. evie a ouvert une nouvelle ligne téléphonique à son arrivée en irlande, mais a toujours gardé son ancien téléphone au fond d’un tiroir. elle-même ne sait pas pourquoi. au cas où. par espoir de recevoir un message de sa famille un jour, rempli de regrets et de sollicitude. s’excusant de l’avoir abandonné. lui priant de rentrer pour tout arranger. au lieu de quoi, sa mère parvient à mêler reproches et fausse inquiétude, le tout en utilisant sa grand-mère comme couverture. sans doute qu’elle était trop embarrassée de ne pouvoir répondre aux autres mondains lorsque la question de savoir où l’héritière des young était passé. elle sert le poing et se flagelle pour avoir voulu vérifier les messages de son ancien téléphone, se disant qu’elle aurait dû s’y attendre. portant son regard au loin pour tenter de chasser les mots sinueux de sa mère, elle manque presque la petite masse sombre qui flotte dans les eaux, trop occupée à blâmer son espoir naïf et enfantin. ses sourcils se froncent et elle plisse les yeux, accélérant le pas par instinct, avant de se mettre à courir lorsqu’elle reconnaît bien la petite tête d’un enfant en train de se noyer. n’hésitant pas une seconde, elle prend juste le temps de lancer un « à l’aide ! un enfant est en train de se noyer! » avant de plonger.

Enfin un jour de repos. Tyrell s'était autorisé cette petite pause parce que sa soeur était dans les parages pour gérer le plus gros des corvées journalières. Alors, il ne s'était pas levé avant le soleil ce jour-là et pour la première fois depuis très longtemps, O'Shea se sentait reposé. Bien sûr, c'était une notion tout à fait relative étant donné que dès le lendemain, il reprendrait sa dure labeur et pesterait contre l'univers tout entier de lui avoir refourgué la gestion de ce domaine familial. Néanmoins, il voulait profiter du présent, pour une fois. Il effaça donc la moindre de ses pensées pour se concentrer sur la petite balade en solitaire qu'il entreprit jusqu'au port de la petite ville de Wexford. Il y avait plus de monde que d'habitude, étrangement pour ce village irlandais qui n'attirait pas les foules généralement. Apparemment, quelques touristes avaient décidé de déposer leurs valises le temps d'un été et Tyrell tâcha de leur sourire en passant devant eux. Finalement, il s'arrêta au bord de l'eau, regardant l'horizon et se demandant à quelle occasion il retournerait sur un bateau la prochaine fois. L'océan lui manquait et le voilà qui recommençait à maudire toutes les vaches qui peuplaient cette terre. Il balaya une fois la pensée, se concentrant sur le bruit des vagues, le vent lui sifflant les oreilles, jusqu'au moment où la foule sembla s'agiter non loin de là. Quelques secondes plus tard, une jeune femme criait avant de se jeter à l'eau pour sauver un enfant en détresse. Tyrell n'hésita même pas une demi seconde avant de plonger à son tour pour lui porter secours, c'était son métier, de sauver les gens d'une noyade effroyable. Il nagea jusqu'aux deux personnes non loin de là, aidant la jeune femme à ramener l'enfant vers la rive, lui toussant mais encore en vie. Ses parents hurlèrent leur joie en serrant le petit garçon alors que Tyrell se retrouvait au bord de l'eau, avec l'inconnue. "Rien de cassé, vous?" On ne savait jamais, elle s'était tellement précipitée qu'elle aurait pu se fouler un os. Là, ils se retrouvaient tous les deux trempés, côte à côte, une sacrée paire de sauveteurs.

l’eau glacée lui fouette le visage, s’infiltre à travers ses vêtements et semble même transpercer sa peau, mais evie s’en moque. tout ce qui la préoccupe à l’instant présent est de garder l’enfant en vie, de le ramener sain et sauf sur le port. elle atteint l’enfant alors qu’il semble être sur le point de se laisser aller et le petit être arrête de se débattre dès qu’evie attrape son bras. elle lui maintient la tête hors de l’eau tout en passant un bras autour de sa taille, la tâche s’avérant plus compliquée que prévu car le gamin est plus lourd que ce à quoi elle s’attendait. au même moment, elle voit un homme nager vers eux. un bras puissant l’aide à soulever l’enfant et ensemble ils ramènent leur précieux protégé vers la rive. sain et sauf. aussitôt les parents accourent, ainsi que d’autres personnes. on les asseoit par terre, des serviettes et autres couvertures sont posées sur leurs épaules et evie se contente d’accepter, tentant de retrouver un peu ses esprits. elle sursaute lorsqu’une voix s‘adresse à elle et tourne la tête pour regarder l’homme qui a plongé avec elle, assit à ses côtés. « je… non. » elle secoue la tête, essaie de remettre de l’ordre dans ses pensées. « rien de cassé. et vous ? » maintenant qu’ils sont hors de l’eau elle peut réellement observer le second sauveteur, de ses yeux clairs à son corps musclé, ses cheveux trempés et ses traits plus âgés. elle se sent presque stupide d’avoir posé sa question parce qu’il semble clairement plus solide qu’elle, mais sait-on jamais. d’ailleurs, d’autres personnes leur répètent la question. « les secours sont arrivés, voulez-vous qu’on vous fasse examiner ? » evie secoue la tête, préférant laisser les secours s’occuper de l’enfant plutôt qu’elle, avant de jeter un regard à son compagnon d’infortune pour s’enquérir de son état. un vieux monsieur insiste et demande à un jeune homme de « ramener le médecin avant qu’ils ne meurent de froid » juste quand un éternuement lui échappe. elle se rend seulement compte maintenant que leur petit sauvetage en mer a attiré une foule de passants et de curieux, beaucoup venant leur proposer quelque service que ce soit pour les aider, ou leur adresser un sourire de remerciement. « c’est toujours comme ça, ici ? » qu’elle demande à haute voix, sans doute à l’homme installé à ses côtés, en rabattant les couvertures sur son corps frigorifié.

@tyrell o'shea

Heureusement qu'il ne faisait pas de sauvetages in extremis tous les jours. Lorsqu'il se trouvait sur un bateau, tout cela lui venait plus naturellement mais en partant de la terre ferme, c'était une tout autre histoire. Tyrell et sa bonté d'âme foncèrent dans le tas néanmoins, courant au secours de l'enfant qui se noyait et de la jeune femme qui avait plongé à sa suite pour le sauver d'une mort certaine. Lorsque tout ce petit monde réussit à revenir sur la berge, une foule de badauds vinrent les cueillir, les secours prenant en charge le petit garçon en priorité mais leur demandant toutefois s'ils n'avaient pas besoin de quelque chose. O'Shea se contenta d'essorer ses vêtements en s'inquiétant pour la sauveteuse de fortune à ses côtés. Ils avaient l'air fins tous les deux, trempés jusqu'aux os alors que des passants leur passèrent des couvertures sur les épaules. Tyrell ne ressentait pas tellement le froid pour être parfaitement honnête, il avait l'habitude des baignades inopinées à des moments de l'année qui n'auraient pas dû être propices à ce genre d'amusements. Il était un véritable poisson dans l'eau, en témoignait la performance qu'il venait de fournir, à peine fatigué par cette course définitivement étrange. "Je suis en pleine forme aussi, mais merci." Tyrell osa lui faire un sourire ensuite parce qu'elle n'avait pas l'air d'ici, en vue de sa réaction. Elle avait l'air parfaitement étonnée de la réaction des gens autour d'eux. Les habitants du village étaient toujours très serviables et quand il était question de remercier des inconnus qui sauvaient la génération suivante, ils pouvaient presque en être lourdingues. "Pas d'ici, j'imagine? Parce que, effectivement, je crois que c'est toujours comme ça dans la région. Vous êtes là depuis quand? Déjà en train de sauver les marmots du coin, en tout cas..." Une bonne personne comme on en faisait peu, c'était du moins ainsi que Tyrell définissait Evie. La reine du jour.

le grand sourire qu’il lui adresse confirme en effet ses dires : il semble en pleine forme. s’il n’était pas trempé de la tête aux pieds, il aurait été difficile de s’imaginer qu’il venait de faire un plongeon dans la mer pour sauver un enfant de la noyade. à croire qu’il s’amusait à sauter dans l’eau pour sauver des vies tous les jours après le petit déjeuner. à côté de lui, elle ressemble à un chaton à moitié noyé qui venait de boire la tasse. essorant ses longs cheveux humides pour essayer de se redonner l’allure d’une vivante, elle se tourne vers lui de sorte à lui faire face complètement. « effectivement, je suis nouvellement arrivée ici alors tout ce remue-ménage est nouveau pour moi. » un énième éternuement ponctue sa phrase et quelqu’un s’empresse de lui apporter un paquet de mouchoir. offrant un rapide remerciement à la généreuse âme tentant de lui éviter un rhume, evie jette un autre regard autour d’elle et se dit que peut-être elle se ferait un jour à la sympathie sans fard des habitants de wexford. elle se voit même vivre ici sur le long terme, se plaire parmi ces gens qui ne cachaient pas leurs intentions, qui ne cherchaient pas à obtenir la moindre information, qui ne tentaient pas de recourir à la manipulation. une vie calme et paisible, sans les rumeurs, les mensonges et autres mesquineries qui peuplaient son quotidien à singapour. « il y a à peine deux mois que j’ai débarqué ici ! si j’avais su que mes débuts à wexford commenceraient de cette manière… » elle secoue légèrement la tête, plus pour elle-même que pour son compagnon d’infortune. « et vous, cela fait longtemps que vous êtes du coin je suppose ? » tout dans son attitude la laisse croire qu’elle a raison. il n’a pas l’air surpris de l’agitation autour d’eux, des médecins qui s’approchent pour les ausculter alors qu’elle leur rappelle encore une fois qu’elle va bien, des remerciements incessants de chaque passant.

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Le sauvetage en mer était devenu son second métier, même s'il n'en vivait pas. Cela dit, la ferme ne lui rapportait pas plus et il avait encore moins de temps pour lui, au final. Tyrell regrettait donc fortement ses premiers pas sur un bateau de pêche: à cette époque, il sillonnait les mers à la quête de denrées rares sans s'imaginer qu'un jour, il serait de retour pour vivre sur le continent. Encore moins qu'il se retrouverait à sauver des mômes de la noyade au beau milieu du port. Dans ce genre de circonstances, les habitants de Wexford ne pouvaient qu'être plein de bonnes intentions, les souvenirs du tragique naufrage happant encore et toujours leurs souvenirs. Tyrell aussi, d'ailleurs. Il n'en faisait pas étalage mais avoir fait partie de la troupe qui avait été chercher l'épave, en vain, il n'avait pu qu'être marqué par ce séjour en mer des plus terribles. "J'espère que ça vous fait pas trop peur, les gens sont comme ça depuis le naufrage qui a secoué la région, je ne sais pas si vous avez entendu parler de ça. Dans tous les cas, ça se tassera." O'Shea voyait bien que tout cela n'était qu'une belle et grande mascarade puisque des hôtes se précipitèrent pour offrir à un mouchoir à la sauveteuse de fortune. Tyrell en refusa un, s'essorant tout seul en souriant à la jeune femme à ses côtés. Elle avait l'air d'aimer le village, c'était une première a priori. "J'suis né ici. Je bosse dans une ferme en haut de la colline là bas donc Wexford, je connais comme ma poche et à peu près tous les ans, y a un môme qui finit dans le port. 'Faut toujours être sur ses gardes par ici, la saison touristique peut être tragique rapidement." Il faisait preuve d'un optimisme à tout épreuve alors qu'il s'écartait de la foule maintenant que l'enfant était pris en charge et les remerciements donnés. "Vous logez où?" Il ne voulait pas être trop curieux mais peut être n'avait-elle pas de moyens de locomotion pour rentrer et se changer et Tyrell était forcément serviable. Quand il était de bonne humeur.

le naufrage. evie s’en souvient, elle avait entendu les gens en parler. freya l’avait mise au courant de la situation lorsqu’elle s’était installée dans son b&b à son arrivée. cela lui fendait le cœur, que ce paisible village ait eu à vivre une telle tragédie. une cérémonie avait été organisée il n’y a pas très longtemps, mais evie n’avait pas voulu s’y rendre, ne se sentant pas légitime d’assister à un tel évènement alors qu’elle ne l’avait pas vécu. elle avait préféré rester à l’écart des habitants endeuillés, les laisser en paix durant cet ultime moment de recueil. bien sûr, la vie avait peu à peu repris son cours, et on évitait de parler de cet évènement traumatisant, mais comme le disait le sauveteur à ses côtés, cela avait laissé des marques. « j’ai entendu parler du naufrage. le comportement des gens se comprend. certains ont perdu des personnes qui leur étaient chères, ils ont peur de revivre la même chose. » elle se demande soudainement si son interlocuteur avait lui aussi perdu quelqu’un, mais les mots ne franchissent pas ses lèvres. déjà parce qu’elle ne le connait pas assez pour se permettre ce genre de questions intime, et parce qu’elle n’est pas sûre qu’il ait envie de ressasser le passé avec une inconnue. elle préfère changer de sujet, laisser son optimisme contagieux effacer les dernières traces du drame. « je ne savais pas du tout que des exploitations agricoles existaient à wexford, je pensais qu’il ne s’agissait que d’une ville portuaire ! vous faites de l’élevage ? » réellement curieuse, elle le suit lorsqu’il s’écarte de la foule après que les habitants s’étaient assurés qu’ils étaient assez en forme pour rentrer chez eux. « heureusement que vous étiez là pour sauver cet enfant alors. ». un éternuement termine encore une fois sa phrase et evie se dit qu’il serait vraiment temps de rentrer prendre un bain chaud. « en fait j’habite juste à côté ! j’aimais bien le quartier alors j’ai décidé de m’y installer. » une courte pause, un instant d’hésitation avant qu’evie décide qu’elle n’a rien à craindre de l’homme qui se tient à ses côtés. « vous voulez venir vous réchauffer chez moi ? ce sera plus proche que chez vous et ça vous évitera d’attraper froid. je n’ai pas de vêtements à votre taille mais je peux aller en acheter, ce sera rapide. et puis vous pourrez au moins vous sécher. » elle n’est pas du genre à inviter des inconnus chez elle dès leur première rencontre, mais bizarrement il lui inspire confiance, avec sa bonne humeur et son sourire généreux. il ne lui reste plus qu’à prier pour ne pas s’être trompée et ne pas se retrouver avec un tueur en série chez elle.

@tyrell o'shea

Tyrell ne faisait pas fréquemment de nouvelles rencontres dans son petit village natal. Il connaissait toutes les têtes, ressassait toujours les mêmes dires et finalement, il n'y avait que cela à connaître, la routine. En dehors de ses trajets quotidiens pour la ferme, Tyrell ne voyait que le comptoir du bar et des routes désertes. Alors, forcément, il était surpris de faire une nouvelle connaissance, surtout dans un tel contexte, après une baignade non demandée pour sauver un enfant de la noyade. Au moins, ils auraient quelque chose à raconter à leurs proches à la fin de la journée parce qu'on ne pouvait pas dire que ce genre d'événements arrivaient tous les jours, surtout à Wexford. Il y avait le naufrage, c'était surtout cette tragédie qui travaillait les habitants ces derniers semaines et, apparemment, même les étrangers en avaient entendu parler. Désormais, cela faisait partie de l'histoire du village, que ses habitants le désirent ou non. "Certainement. Mais je pense que ça se tassera quand même, comme pour tout." Les gens finissaient par oublier,même les drames qui les avaient bouleversé à un moment donné.La gentillesse des riverains s'évaporerait elle aussi, avec tous les souvenirs qu'ils pouvaient avoir des disparus. Tyrell ferait certainement partie de cette catégorie, il n'était pas franchement différent des autres, même s'il s'en donnait l'air. "C'est exact. Un élevage bovin. Je crois qu'on est la seule ferme de ce genre par ici. Comme vous le dites si bien, ici, c'est la pêche avant tout alors, pas facile de survivre." Non, c'était une évidence: les affaires n'étaient pas au beaux fixe mais la jeune femme n'était pas obligée de le savoir. De toute façon, ils étaient parti pour discuter de tout et de rien, apparemment chez elle puisqu'elle se proposait de faire preuve d'hospitalité. Il était vrai que Tyrell avait toute la colline à grimper s'il volait rentrer se sécher avant le coucher du soleil, une épreuve terrible. "Oh, vous savez, une serviette suffira amplement, ça séchera tout seul en une heure ou deux donc... Si ça vous dérange pas, c'est pas de refus. J'habite tout là haut." Il lui montra du doigt, s'apprêtant à la suivre, ne sachant pas réellement dans quoi il s'embarquait mais O'Shea aimait la surprise, c'était le moins que l'on pouvait dire de lui.

» mairin › feeling i can't fight like a wildfire, deep inside
» It's been a while - ft. Tyrell
» tyrell's phone › (+353) 53 747 912
» Tyrell ¤ so goodbye yellow brick road.
» tyrell › cold, cold heart.