à nos souvenirs (elwyn)

Invité

Oh, Jules ! Ça fait longtemps ! Attends, je vais chercher Elwyn, ma belle ! Sourire contrit lorsque la belle acquiesce, touchée par l'engouement dont elle fait preuve. Un peu plus d'un an et demi maintenant qu'elles ne sont pas vu, la mère Whelan n'en reste pas moins très affectueuse envers les amis de son fils, apparemment. Boule au ventre pendant que Juliet patiente, angoisse qui monte petit à petit, probablement qu'elle n'aurait pas dû venir. Elle aurait pu commencer par lui envoyer un message, en tout cas. Donner des nouvelles. Ne pas partir comme une voleuse.
Oui, ça aurait dû commencer par ça.
Résultat, la voilà l'angoissée, envie d'une cigarette, mais elle a arrêté de fumer ; enfin ça fait deux jours, puis tout le monde sait qu'elle va reprendre. Parce qu'elle angoisse trop, que ça la rassure, qu'elle pleure trop, qu'elle ne s'en remet pas. Depuis que maman est partie, la belle Hennessy ne vit plus qu'à moitié, empêtré dans ses pensées, est-ce que c'est vraiment sa faute ? Est-ce que c'est elle, qui a causé ça ? Son départ ? Ses envies de voyages ? Merde, merde, merde. Elle est perdue, Jules, et elle sait que dans ces cas-là, il n'y a que peu de personnes vers qui elle est capable de se tourner. Qu'une personne. Elwyn Whelan. Dommage, il fait partie des personnes qu'elle a abandonné, en partant il y a quelques années. Et elle le connaît, par cœur, comme si elle l'avait fait : il ne lui pardonnera jamais. Alors pourquoi elle est là ? Pourquoi elle l'attends, bêtement, alors qu'elle sait pertinemment qu'il va la jeter, l'envoyer chier ? Les minutes passent, la mère Whelan ne revient pas, et lui non plus il ne débarque pas, et Juliet sait que c'est normal. Qu'il a de quoi lui en vouloir.
Mais elle a b e s o i n de lui.
Elle a besoin de croiser son regard, d'entendre sa voix, d'attraper sa main. Elwyn a été là à chaque instant, meilleur allié, meilleur ami, premier garçon sur qui elle a pu craqué, fantasmé, quand bien même il ne se soit rien passé. Et elle a besoin de lui. Et c'est égoïste. Et elle le sait. Et c'est pour ça qu'elle angoisse. Cinq minutes ont déjà passé, il ne viendra pas, ça ne sert à rien qu'elle attende. Bien sûr qu'il ne viendra pas. Pourquoi est-ce qu'il viendrait ? Panique qui la fait s'échapper, quitter l'auberge, au moins pour aller respirer l'air iodée. Besoin de se calmer. Maman lui manque et elle a besoin d'en parler ; néanmoins il semblerait qu'Elwyn ne soit pas disposé à l'aider.

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à nos souvenirs
@juliet hennessy
et ça gronde. là, ça gronde. palpitant devenu brume sombre, au moins autant que ses pensées peu recommandables qui glissent en son cerveau devenu terrain de jeux. flux instable, quand mère délicate s'agite légèrement d'un pied à l'autre, sourire léger pour lui annoncer l'arrivée d'une drôle d'invité. incarnation d'un passé devenu dégoût, entendre le surnom de celle étant malgré lui encore fantôme de ses nuits n'est qu'amertume bourdonnante. il dit alors à sa mère de le laisser. de la laisser... elwyn savait pourtant! qu'arriverait ce moment damné: celui où la bouche au cœur, bel enfant viendrait se présenter l'air de rien à sa porte d'entrée. j u l e s. pourquoi? pas qu'il veuille le savoir, pas qu'il veuille la comprendre! un 'pourquoi' au bord des lèvres qu'il refuse même de lui cracher au visage. de lui, elle ne mérite rien. bête sauvage blessée, plaie sanguinolente d'une tendresse trahie: le jeune homme reste assis. seul. un terme qui depuis quelques mois revient. seul, refrain usuel d'une chanson mélancolique, où tous ceux qu'il aime finisse par partir avant la fin. la leçon semble pourtant mal gravée dans son esprit trop enclin à la perdition: ses yeux traînent dangereusement le long des murs de la chambre, et veulent d'une curiosité malsaine s'approcher de la fenêtre. mécanique, le corps s'y dirige discrètement. décale doucement un bout de rideau à carreaux. inspiration nécessaire, hésitation étouffée. comment s'empêcher de la regarder? sublime culottée, qui l'attend, sagement. presque inchangée, brin de femme est tout de même devenue bouquet. terrible beauté, de celle qui vous attire. séduisante cruauté, qui ne peut que repousser. poupée triomphante qu'a écrasé tous les principes de ce qu'on appelle l'amitié, pour faire cavalier seul. qui ne revient que maintenant. que maintenant! quand la solitude atroce le reprend! comme pour le provoquer, jouer de façon sadique avec ses sentiments. il est parti loin l'amant des vagues. et aujourd'hui, c'est elle qui revient. comme un majeur envoyé de l'océan, comme une crevure qu'on oublie dans le palpitant. comment ose t-elle se présenter, sans se douter de ce qu'il doit traverser? comment ose t-elle espérer obtenir un pardon, elle qui n'offrira en retour qu'un nouveau départ à l’horizon? que-

mais voilà qu'elle s'éloigne, abandonne les armes. yeux qui clignent d'une incompréhension furtive, elwyn ne comprend pas. juliet n'essayera même pas? il ne sait pas, ne comprend pas. déjà il court dans les escaliers, réflexion désamorcée. pas cette fois qui vrille son esprit. pas cette fois! de la cuisine, sans qu'il ne le voit la mère sourit. à l'extérieur de l'auberge, gamin accélère encore à l'idée des adieux qu'aucune occasion ne le laissera déclamer à haute voix. colère mérite d'être enragée, mérite d'être écriée. main qu'attrape le bras si fin, si frêle. yeux qui se croisent, se brûlent presque d'un regard nouveau: plus d'un an et demi. contact quasiment surprise même pour lui qui en est l'entrepreneur, relâche vite sa prise. comment respire t-on déjà?

-"qu'est ce que tu fous là? chez moi je veux dire. qu'est ce que tu viens faire chez moi?"

poumons ankylosés qui semblent au sol être tombés. pupilles qui transpercent, murmures silencieux gémissant des pourquoi. pourquoi jules, pourquoi t'as fait ça? rien qu'un copain lanceur de cailloux, rien que ça? peut-être voilà pourquoi.

code by exordium.

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à nos souvenirs
@elwyn whelan
il y a l'hésitation qui règne dans tout son être, bouillonne dans ses veines. maman lui manque et gamine se sent perdue, bien plus qu'elle ne l'a jamais été. traîner dans les rues de wexford sans les étoiles qui ont bercé son adolescence la fait paniquer. voilà pourquoi elle est venue chez elwyn, aujourd'hui : gamine a besoin de retrouver ses repères. et c'est lui, son premier repère, non ? c'est lui, le premier à qui elle a été capable de se confier. le premier qu'elle a lorgné du regard, le premier à qui elle a sourit ; en dehors de sa famille, il est le premier sur qui elle a pu compter. c'est tout naturel, pour elle, de se pointer ici, de tenter. elle sait qu'il lui en veut, elle n'est pas idiote, la gamine ; bien qu'avant de partir elle arborait un joli blond qui pouvait faire douter de son intelligence. mais, non, elle n'est pas idiote, la gamine. elle sait qu'il lui en veut. elle sait qu'il a raison de lui en vouloir. elle même s'en veut. ça n'était pas une manière de partir, c'est certain ; et elle le regrette. mais là, là, maintenant, elle a juste besoin de son meilleur ami, de son meilleur allié. besoin de lui parler, de mettre les choses à plats, et de pleurer dans ses bras.

oui sauf que voilà, elwyn ne viendra pas.

elle en est sûre, gamine aurait fait pareil. alors jules sort de l'auberge, la crise d'angoisse pourrait bien guetter le bout de son nez, et elle a besoin de s'échapper. il ne faut que quelques pas avant qu'une main ne rattrape son bras, et soudain, sa voix.

j'avais... j'avais juste besoin de te voir.

putain, elle a rêvé de ces retrouvailles pendant tellement d'années. et soudain, la voilà muette, incapable de parler, incapable de s'exprimer. elle avait tout un discours, un monologue, qu'elle avait préparé pour l'occasion ; un nombre incalculable d'excuse qu'elle lui aurait adressé, des je suis désolée marmonnée s'il lui en laissait l'occasion. mais là, quand ses yeux se posent sur lui, la brune se sent honteuse. elle ne sait pas quoi dire, ni comment le dire. putain de gamine.

salut, elwyn. ça fait longtemps.

merde, mais qu'elle est conne ! voilà qu'son cerveau s'met à fumer, presque. elle cherche un truc à dire, à faire, quelque chose qui romprait la gêne régnant en elle. probablement en lui aussi... comment est-ce qu'on est censé faire pour récupérer son meilleur ami, après l'avoir perdu il y a des années ?

écoutes... est-ce que... est-ce qu'on pourrait au moins aller parler ailleurs ? sur les quais ? ta mère nous observe de derrière la fenêtre et... et j'aimerais bien te parler. s'il te plaît. il faut que je m'explique.

elle n'est pas sûre d'elle, sur le coup ; mais elle veut être honnête. il le mérite, plus que quiconque.
code by exordium.

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