(ailis), you've got me nervous to speak.

01. D'aussi loin qu'elle s'en souvienne, elle a toujours voulu avoir des enfants, Ailis. C'est peut-être parce qu'elle a toujours été très famille, très proche notamment de son frère, parce qu'ils ont toujours été soudés, elle n'en sait foutrement rien dans le fond, ne sait pas d'où ça lui vient. Mais Ailis, elle a toujours voulu fonder sa propre famille, elle aussi. C'était pour elle quelque chose d'important. 02. Elle est tombée amoureuse très jeune, la brune. Ou peut-être pas tant – peut-être qu'elle exagère. Mais à ses yeux, c'était vraiment tôt, parce qu'elle n'avait alors que vingt-trois ans. Et elle y croyait, Ailis, elle y croyait vraiment. Elle avait des rêves plein la tête, les typiques papillons plein le ventre, et comme un feu d'artifice, dans le cœur, constamment. Elle se sentait bien, elle était heureuse, elle était épanouie. Et ils se sont mariés, deux ans plus tard, prenant le temps de faire les choses correctement. Elle a épousé Paul, et elle l'a aimé, comme une folle. 03. Elle est tombée enceinte à vingt-six ans, devenue mère à vingt-sept. Et c'était tout ce qu'elle voulait, Ailis, tout ce qu'elle espérait. Elle a donné naissance à un tout petit bout de vie, à un tout petit bébé, un tout petit garçon, qu'ils ont appelé Iain. Et il a suffi qu'elle le voie, rien qu'une fois, pour qu'elle sache que pour lui, elle ferait toujours n'importe quoi, Ailis. 04. Elle n'est pas sportive, Ailis. Elle a essayé, vraiment essayé, mais ce n'est absolument pas son truc. Elle se dit encore qu'elle devrait faire un effort, que ce serait sans doute mieux pour sa ligne, mais à vrai dire, il n'y a qu'après sa grossesse qu'elle ait vraiment fait du sport, dans l'espoir de perdre les kilos gagnés avec la grossesse. Depuis, rien du tout. A moins que la gifle mise à Paul après avoir découvert son adultère, compte comme un coup basique de boxe. 05. Finalement, Ailis, elle a quand même une préférence pour le yoga. Son ex-mari a eu beau la mettre dans une colère noire, lui faire énormément de mal, Ailis, elle n'a pas une once de violence en elle. Elle est même tout le contraire, éternelle optimiste, elle verra toujours tout sous le meilleur angle possible, toujours calme, apaisée, toujours à relativiser. Ailis, c'est une douceur de la nature, sans qu'elle ne se force une seule seconde. Bienveillante, elle ne cherche généralement jamais à nuire à personne. 06. Elle aime mettre la musique à fond, chez elle, parfois. Jamais trop non plus, parce qu'elle a un petit garçon de quatre ans, mais il semble qu'elle lui ait insufflé son goût pour la musique, notamment pop-rock. La musique, c'est un truc dont la brune ne se passe jamais. Un truc qui l'a accompagnée, dans les plus profonds moments de solitude. 07. Elle a été trop gentille, Ailis. Parce qu'elle ne savait pas trop quoi faire, comment gérer la chose, parce qu'ils avaient un enfant qu'elle voulait à tout prix protéger, elle a laissé une seconde chance à Paul. Seconde chance qu'il a complètement bousillée, en retournant la tromper. Et cette fois-là, ça n'est pas passé. 08. Elle a toujours été proche de sa famille, Ailis, et tout particulièrement de son frère. Avec Cobb, ils se sont toujours compris, sans parfois avoir à dire quoi que ce soit. Elle le connaît par cœur, ce grand-frère qu'elle admire et adore, et jamais n'abhorre, en dépit des différends ayant parfois jonché leur relation. S'il y a bien quelqu'un qui peut avoir un quelconque poids sur ses décisions, c'est son grand-frère, le seul dont elle accepte – un peu – les avis et les remises en question. Parce que, quoique douce et attentionnée, elle est dotée d'une fierté mal placée, Ailis, affreusement obstinée : quand elle a une idée en tête, il est difficile de l'en détourner. 09. Elle a perdu son père, il y a une dizaine d'années de cela, Ailis. Et ç'a été horrible, abominable, atrocement douloureux. Et ç'a été dur, d'avancer, d'accepter, le deuil ayant longtemps été refusé. Mais ils ont fini par le faire, tous les quatre, Cobb, Ophelia, leur mère, et puis elle, Ailis. Finalement, c'est davantage pour leur mère qu'ils se sont inquiétés. Mais elle a fini par aller de l'avant, elle aussi, allant jusqu'à se remarier. De cette mort douloureuse, ils en sont restés très soudés. Quoi qu'il arrive, ils ne se laisseront pas tomber. 10. Dans son crâne, il y a le foutu prénom de Meave. Elle a bien compris pourtant, que ce n'était pas la peine, qu'elle méritait mieux que ça. Elle s'est dit, dans le fond, que c'était sans doute Meave, qui méritait mieux que ça, mieux qu'une fille qui se fait de faux espoirs après une jolie nuit, détachée de la dure réalité. Elle aurait dû se douter, que c'était trop beau pour être vrai. Au petit matin, elle se barrait, sans autre forme de procès. Qu'est-ce qu'elle croyait, Ailis. Evidemment que ce n'était pas sérieux. Evidemment que c'était juste une histoire d'un soir, comme ça. Oui, mais Ailis, elle avait commencé à y croire – elle, elle sentait bien quelque chose, depuis quelques temps, jusqu'à ce que ça arrive. Faut croire que c'était à sens unique. Peut-être une erreur, pour Meave. Elle n'en sait foutrement rien. Mais elle l'a dans la peau, encore et encore. A son grand dam. 11. Avant d'accoucher, elle était attachée de presse, Ailis, le genre de boulots qui demandent un grand investissement, et qui empêchent toute vie de famille. Alors quand son fils est né, Paul lui a purement et simplement demandé d'arrêter de travailler. Chose qu'elle a d'abord refusé, Ailis, avant de commencer à culpabiliser, en se disant que c'était sans doute mieux pour son fils si elle était là plus souvent. Alors elle n'a pas repris le travail après son congé maternité. Paul et elle vivaient de toute façon à l'abri du besoin, grâce à lui, évidemment. 12. Elle a divorcé en 2016, n'en pouvant plus d'être prise pour une conne. Elle a peut-être toujours été douce et gentille, Ailis, elle ne se laisse pas non plus totalement marcher dessus, et puis elle a son fichu caractère, aussi. 13. Sans Paul, elle s'en est bien sortie, malgré tout. Si elle ne travaillait plus suite à la naissance de son fils, elle s'est malgré tout un temps intéressée à la torréfaction. Alors elle a récemment investi dans une boutique vendant café et thé, en collaboration avec des gens ayant bien plus d'expérience dans le domaine, et elle s'épanouie parfaitement ainsi, Ailis. 14. Elle s'est attachée bien peu de fois à quelqu'un dans sa vie, Ailis. Elle a dû aimer trois ou quatre fois, en tout et pour tout, dans sa vie. Peut-être que cela fait d'elle, quelqu'un d'exigeant. Peut-être que c'est juste que l'amour ne frappe pas si souvent. Elle le vit bien, en tout cas. Parce qu'au moins, quand elle n'a personne, elle peut se dédier complètement à son fils et à ses propres projets.

TOURBILLON. Elle a un chat, âgé de quatre ans, qui a en quelque sorte grandi avec son fils. // Elle porte un parfum aux notes d'agrumes. // Elle raffole des îles flottantes et des brownies, elle pourrait en manger toute sa vie. // Elle est généralement très zen, hors exceptions. // Elle vit un peu au jour le jour, elle tente de ne pas trop se prendre la tête. // Elle achète régulièrement de nouveaux livres, à lire à son fils. // Elle lit elle-même toujours un bout de roman, avant de s'endormir. // Bien que très proche de son frère, elle a une grande affection pour sa petite sœur. // Elle aurait sans doute aimé avoir un autre enfant. // Elle adorerait devenir tante. // Elle n'est pas vraiment rancunière envers Meave. Ou pas tellement. // Pas très intéressée par les réseaux sociaux, elle affectionne malgré tout instagram. // Incapable de se tenir à distance de sa famille, il faut qu'elle les voie au moins une à deux fois par semaine, et ce, même si ça signifie se taper l'incruste chez l'un ou l'autre. // Elle préfère le thé au café, contre toute attente peut-être. // Elle s'intéresse beaucoup à l'art, affectionne tout particulièrement les installations. // Elle n'a pas une once de jalousie en elle. Mais il ne faut pas pousser non plus.